La nouvelle ROSP est tombée et elle réserve des surprises ! Depuis mercredi 25 avril, la CNAM attribue aux médecins libéraux concernés les fameux bonus sur objectifs de santé publique qui risquent de déconcerter – et de décevoir – plus d'un praticien.
D'abord en raison des montants récoltés, en baisse d'une année sur l'autre. Les 52 939 généralistes et MEP héritent ainsi d'une prime moyenne de 4 522 euros au titre de leur ROSP 2017… contre 7 000 euros un an plus tôt sur un périmètre plus large. De fait, cette ROSP new look gratifie désormais exclusivement la pratique clinique puisque tout ce qui concerne l'organisation du cabinet (36 % des montants versés précédemment) est aujourd'hui valorisé à travers deux autres outils : le nouveau forfait structure, qui sera payé en juin 2018, et le forfait patientèle, échelonné en quatre paiements depuis avril 2018. On fait mieux en matière de simplification…
Outre ce changement de périmètre, qui brouille les comparaisons, la refonte du dispositif (introduction de 17 nouveaux indicateurs, valorisation du bloc prévention au détriment de l'efficience, relèvement des objectifs cibles) risque de jeter le trouble dans la profession. Dans un entretien exclusif (lire ci-dessous), le directeur de l'assurance-maladie ne le nie pas. « Dans cette phase de transition, il peut certainement y avoir un risque d’incompréhension », explique-t-il, assumant cet aggiornamento « nécessaire ». Le bilan de la ROSP 2017 volet par volet (lire page 3) montre ainsi des résultats prometteurs mais aussi d'énormes difficultés, notamment sur la prévention.
Observatoire
Afin de ne pas décourager les médecins, la CNAM a appliqué un mécanisme inédit prévu dans la convention, la clause de sauvegarde, qui garantit la stabilité de la rémunération globale. En clair, l'enveloppe collective de la ROSP 2017 pour les médecins traitants de l'adulte est identique à celle des indicateurs de pratique clinique de la ROSP 2016, soit 240 millions d'euros. Pour arriver à ce résultat, la rémunération individuelle de chaque médecin a été dopée artificiellement par un coefficient multiplicateur de 1,7, ce qui en dit long sur le rattrapage nécessaire. Dans l'entretien qu'il nous réserve, le patron de la CNAM n'exclut pas l'actualisation de certains indicateurs qui auraient été calés trop haut…
Chaque praticien devra faire ses comptes mais beaucoup auront du mal à s'y retrouver. Déjà, la branche généraliste de la CSMF sonde ses troupes sur les montants perçus et lance un observatoire pour y voir plus clair sur la baisse des forfaits. MG France va plus loin. « Si la ROSP devait être inéquitable et d'un montant imprévisible, nous demanderions qu’elle disparaisse au profit des autres rémunérations », prévient le syndicat de généralistes. En attendant, les médecins n'ont pas fini d'en entendre parler. La nouvelle ROSP médecin traitant de l’enfant de moins de 16 ans (ou ROSP pédiatrique) sera payée, elle, en juin 2018.