Santé en Europe : l'OMS met en garde contre le tabac et l'obésité

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Publié le 12/09/2018
oms tabac

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Crédit photo : S. Toubon

C'est « une source de réelle préoccupation », selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le tabagisme, la consommation d'alcool, le surpoids, l'obésité et la couverture vaccinale insuffisante des 53 États membres européens sont épinglés par l'organisation qui vient de publier son Rapport sur la santé en Europe 2018. Ce dernier fait par ailleurs état d'un recul de la mortalité liée aux principales maladies transmissibles et de l'allongement de l'espérance de vie dans la Région Europe de l'OMS. Mais si ces constats sont encourageants, ils cachent de profondes inégalités d'un pays à l'autre, comme au sein d'un même pays.

Ce bilan, déjà réalisé en 2012 et 2015, permet de faire un point sur les objectifs principaux de Santé 2020, la politique européenne de l'OMS adoptée en 2012. Celle-ci vise à « améliorer de manière significative la santé et le bien-être des populations, réduire les inégalités de santé, renforcer la santé publique et mettre en place des systèmes de santé universels, équitables, durables, de qualité et axés sur la personne ».

Des inégalités entre pays et entre les sexes

La mortalité prématurée due aux maladies cardiovasculaires, cancer, diabète et maladies respiratoires chroniques a diminué de 2 % par an en moyenne dans la Région Europe de l'OMS : c'est plus que l'objectif de santé 2020 fixé à 1,5 %. De plus, entre 2010 et 2015, l'espérance de vie est passée de 76,7 à 77,9 ans. Des progrès toutefois inégaux entre pays, mais aussi entre hommes et femmes.

« Les facteurs de risque liés au mode de vie donnent lieu à des inquiétudes, car ils peuvent ralentir, voire anéantir les progrès importants réalisés en matière d’espérance de vie s’ils ne sont pas maîtrisés », estime le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.

En effet, on retrouve en Europe les niveaux de consommation d'alcool les plus importants, avec un maximum de 15,2 l d'alcool pur/an, mais aussi le taux de tabagisme (29 %) chez les plus de 15 ans le plus élevé, par rapport aux six autres régions de l'OMS. Le nombre de personnes en surpoids ou obèses est en hausse. En 2016, 58,7 % des personnes étaient en surpoids. Et si la couverture vaccinale s'est améliorée, la recrudescence de la rougeole en Europe témoigne des lacunes qui persistent.

L'OMS met ainsi en garde contre le « risque d’inversion de ces tendances positives si rien n’est fait pour lutter contre les facteurs de risque ».

Concernant les « déterminants sociaux de la santé » (mortalité infantile, espérance de vie, scolarisation en cycle primaire et chômage), l'OMS salue la mise en place de stratégies de lutte contre les inégalités dans la plupart des États membres, mais précise que « des mesures plus énergiques sont nécessaires dans certains cas ».

Bilan mitigé pour la couverture universelle

La couverture sanitaire universelle, garantissant à tous un accès aux services essentiels avec des dépenses à charge acceptables, est une des priorités de Santé 2020. Le bilan dressé par l'OMS est pourtant mitigé : « deux pas en avant, un pas en arrière ». Quant aux dépenses totales de santé, elles n'ont pas changé depuis 2010, mais là encore les inégalités persistent.

Ce rapport 2018, intitulé « Au-delà des chiffres, des bases factuelles pour tous », témoigne par ailleurs de la volonté de l'OMS de prendre davantage en compte les sciences humaines et sociales ainsi que les « expériences subjectives ». La satisfaction des Européens par rapport à la vie qu'il mène a notamment été évaluée. « Le sentiment de bien-être des Européens est l’un des plus élevés au monde, mais il varie fortement d’un pays à l’autre », souligne l'OMS.

En 2016, 95 % des 43 pays ayant répondu à une enquête de l'OMS avaient élaboré une politique en phase avec Santé 2020 (ou envisageaient de le faire).

« Bien des progrès ont été réalisés dans les années qui ont suivi l’adoption de Santé 2020, mais il reste beaucoup à entreprendre ou à mener à bien », résume l'OMS, qui appelle à une « coopération internationale renforcée ».

Les données du Rapport sur la santé en Europe 2018 seront discutées lors du Comité régional de l'OMS pour l'Europe qui doit se réunir à Rome du 17 au 20 septembre.


Source : lequotidiendumedecin.fr