La souffrance psychique repérée chez les intérimaires serait liée à l'insécurité de l'emploi ou à une fragilisation des trajectoires professionnelles, plutôt qu'à des conditions de travail dégradées ou à des difficultés relationnelles, suggère une étude de Santé publique France, publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) du 13 octobre.
L'équipe de Stéphanie Rivière s'est penchée sur les cas de maladies à caractère professionnel (MCP) signalés par les médecins du travail entre 2009 et 2014. Une MCP est un symptôme ou une maladie considérés comme liés au travail par le médecin du travail et non reconnus en maladie professionnelle au moment de la visite médicale. L'analyse a porté sur 370 064 salariés, dont 93,8 % en CDI et 6,2 % en intérim. En comparaison avec les CDI, les intérimaires étaient plus jeunes, plus souvent des hommes et des ouvriers, non qualifiés.
Après ajustement, les chercheuses n'ont retrouvé aucune association entre intérim et troubles musculo-squelettiques (TMS) de l’épaule, du coude ou de la main-poignet. Elles ont même observé une association négative avec les TMS du rachis, pour les visites à la demande de reprise (OR = 0,2 [0,1-0,5]) ou périodiques (OR = 0,3 [0,2-0,7]). Un reflet de l'« effet travailleur sain », commentent-elles. Les chercheuses retrouvent également une association négative entre intérim et souffrance psychique liée au travail, quel que soit le type de consultation (OR = 0,4 ; IC95 % : [0,3-0,5]).
Faut-il y voir une contradiction avec les études antérieures qui font état d'une santé dégradée, surtout chez ceux qui subissent l'intérim ou viennent d'un CDI ? « Nos données suggèrent que les précédents résultats pourraient être expliqués par l’insécurité liée à la précarité de l’emploi plutôt que par des conditions de travail dégradées », répondent les auteures.
Les intérimaires sont par définition moins exposés aux difficultés relationnelles ou de management que les salariés en CDI. L'hypothèse est renforcée par le fait que les intérimaires en souffrance psychique se plaignent plutôt des contraintes organisationnelles (horaires de travail, rythme des machines).
S Rivière et al. Bull Epidémiol Hebd. 2020;(27):524-30.
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