Il n'y a pas « d’éléments de nature à remettre en question de façon indiscutable l’efficacité des modalités recommandées pour lutter contre la transmission de bactéries et de virus hors papillomavirus (HPV) » au décours des examens par sondes à échographie endocavitaire (SEE), indique le Haut Conseil de la santé publique dans un avis rendu public ce 30 mai.
Pour HPV, « il existe une hétérogénéité d'efficacité des différentes techniques de désinfection. On ne dispose pas d’évaluation de l’efficacité des stratégies de désinfection sur HPV recommandées en France, avec des techniques virologiques indiscutables », poursuit le HCSP.
La polémique de 2013
L'avis, appuyé sur un état des lieux des connaissances disponibles en 2015 sur les risques de contamination des SEE, répond à une saisine des autorités sanitaires du 12 juillet 2013. Une polémique sévissait alors, alimentée par l'eurodéputée Michèle Rivasi, qui, accompagnée d’Alain-Michel Ceretti, président de l’Association de défense des victimes d’infections nosocomiales le LIEN, alertait sur des hauts risques de contamination des sondes. Elle en voulait pour preuve une étude publiée dans « Plos One » sur les risques de contamination par le HPV et une méta-analyse sur différents agents pathogènes, publiée dans le « Journal of Hospital Infection ». Elle demandait notamment une révision des recommandations du HCSP de décembre 2007 et octobre 2008, qui avaient reçu l'appui de l'Académie nationale de médecine en décembre 2009. En réponse, les sociétés savantes de radiologie, de gynéco-obstétrique et d'urologie avaient contesté les études dans une lettre ouverte, tout en demandant une réévaluation indépendante des procédures de désinfection.
Pas de cas avéré d'infection par le VIH, le VHB ou le VHC
Le HCSP considère que la littérature scientifique depuis 2008 n'apporte aucune nouvelle information quant au risque de transmission d'agents bactériens lors des échographies endocavitaires.
Aucun cas d'infection par le VIH ou VHB n'a été signalé ; un cas d'infection par le virus de l'hépatite C (VHC) a été signalé mais l'investigation épidémiologique associée n'a pas permis d'incriminer une éventuelle échographie endocavitaire comme le mécanisme de la contamination.
Une cohorte sur 9 ans, incluant plus de 16 000 patients, ne montre pas de sur-risque de séroconversion par VHC ou par le VIH lors d'un examen au moyen d'une SEE.
Concernant le risque de transmission de papillomavirus humains (HPV), le HCSP reconnaît qu'il est renseigné dans plusieurs études, mais sans que la transmission par une sonde d'échographie ne soit prouvée ; en outre, les études mises en avant par Michèle Rivasi ont été remises en cause d'un point de vue méthodologique. L'évaluation de l'efficacité des systèmes de désinfection des SEE n'est pas non concluante. « Dans l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de déterminer si les mesures chimiques ou physiques de niveau 2 dans la classification de Spaulding sont plus efficaces que celles actuellement préconisées en France », lit-on.
Appliquer les mesures de désinfection et améliorer les connaissances
Le HCSP recommande donc de mettre en œuvre et de renforcer les mesures destinées à améliorer la désinfection des sondes, qu'il rappelle : poser de façon réfléchie les indications des actes d’échographie endocavitaire (analyse du rapport bénéfice-risque par comparaison avec l'échographie transpariétale), favoriser un strict respect des règles d’hygiène pour la réalisation de l’examen (hygiène des mains, port de gants, désinfection de l'ensemble du poste…), recourir systématiquement à une protection adaptée de la sonde (avec des gaines avec marquage CE), signaler obligatoirement en matériovigilance tout incident avec une gaine défectueuse dans ses conditions normales d’utilisation, formaliser les pratiques dans chaque centre, y compris ceux d'assistance médicale à la procréation, et les auditer régulièrement.
Une désinfection de niveau 2 doit être disponible en permanence dans chaque centre mais il n'existe pas d'argument scientifique indiscutable indiquant un défaut d'efficacité des modalités en cours aujourd'hui pour les bactéries et virus hors HPV. Pour HPV, « si une désinfection de niveau 2 était réalisée, une stratégie chimique ou physico-chimique efficace sur HPV peut être envisagée », lit-on.
Enfin, le HCSP recommande de conduire des études transversales et longitudinales sur les risques infectieux associés au SEE, notamment une réévaluation du risque HPV. Ces études doivent être multicentriques, avec des financements indépendants des fabricants de dispositifs de désinfection, précise l'avis.
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