Sécurité à l’hôpital

À Toulouse, le CHU, la police et la justice unissent leurs forces contre la violence

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Publié le 09/05/2016
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1 116. C’est le nombre de signalements d’actes de violence et d’incivilités, enregistré en 2015 par la direction du CHU de Toulouse à l’encontre du personnel soignant.

« Ce résultat en hausse est basé uniquement sur du déclaratif, car les incidents ne sont pas obligatoirement signalés, nous pensons donc que le résultat réel est encore plus élevé », estime André Aubaret, le conseiller sécurité au CHU. Un poste créé il y a deux ans par la direction de l’hôpital. Face à cette escalade, l’hôpital vient donc de signer une convention avec la police nationale et municipale, la gendarmerie et le ministère de la Justice. Son objectif ? Sécuriser les équipes de soignants avec un système d'alerte privilégié (un numéro de téléphone), mettre en place des procédures qui facilitent l’intervention des forces de l’ordre et améliorer la coordination des différentes procédures judiciaires engagées. Le dépôt de plainte sera ainsi facilité pour les personnels hospitaliers victimes de violence.

Parmi les services les plus concernés par cette problématique, les urgences et le SAMU arrivent en tête (les trois quarts des déclarations), tandis que le quart restant concerne les services de gériatrie et de gérontologie.

« Aux urgences et au SAMU, nous sommes les premiers concernés par ces actes de violence et d’incivilité car nous sommes l’interface entre la ville et l’hôpital », observe le Pr Vincent Bounes chef de service du SAMU 31.

Les violences verbales monnaie courante

Il décrit notamment des problèmes récurrents pour les équipes du SAMU lors de leurs interventions dans des quartiers difficiles. « Nous sommes parfois confrontés à des situations de violences urbaines, à des règlements de compte, et il peut y avoir des risques de représailles contre les soignants. S’il n’y a pas eu à ce jour de menaces avérées, la tension est forte et palpable », constate le médecin. La convention officialise donc que les forces de l’ordre sécurisent et « escortent » désormais tous les déplacements du SAMU dans les zones estampillées à risque à Toulouse.

La convention vise également à apaiser la situation parfois explosive des services d’urgence. « Nous y accueillons beaucoup de patients fragilisés psychologiquement et les violences verbales sont monnaie courante », ajoute le Pr Bounes.

Dernier incident en date, un patient s’est présenté aux urgences avec une arme (qui s’est finalement avérée factice) et a menacé des soignants. « Ces situations sont extrêmement stressantes pour les soignants, explique le patron du SAMU 31. La convention nous permet désormais d’entrer plus facilement en contact avec la police avec un numéro de téléphone dédié. »

Enfin les services de gériatrie et de gérontologie sont aussi confrontés à des incidents fréquents. Ici point de délinquance, mais des personnes âgées qui connaissent des poussées aiguës de violence et dont l’agressivité est parfois très difficile à maîtriser pour le personnel soignant. « Nous allons mettre en place une collaboration avec la police, eux sont capables de maîtriser les patients sans leur faire mal et nous prenons le relais avec les soins », conclut le Pr Bounes.

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9494