Les dépenses mondiales consacrées à la lutte contre la tuberculose sont largement insuffisantes, après des années de progrès anéanties par le Covid-19, a mis en garde l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ce 21 mars à l'approche de la Journée mondiale (24 mars).
Selon l'OMS, les dépenses mondiales consacrées au dépistage, aux traitements et à la prévention de la tuberculose en 2020 étaient de moitié inférieures à l'objectif de 13 milliards de dollars par an.
« Des investissements urgents sont nécessaires », a indiqué le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué. En matière de recherche et de développement dans le domaine de la tuberculose, l'OMS estime que le monde devrait investir globalement 1,1 milliard de dollars de plus. Avec la pandémie, les décès liés à cette maladie sont ainsi repartis à la hausse, pour la première fois en plus de dix ans, avait annoncé l'OMS à la mi-octobre.
Des failles encore plus accusées en pédiatrie
La situation est plus défavorable encore pour les enfants et les adolescents et l'OMS publie des recommandations spécifiques à cette tranche d'âge pour renverser la situation. En 2020, 63 % des enfants et des jeunes adolescents de moins de 15 ans atteints de tuberculose sont restés en dehors des radars des systèmes de santé ou n'ont pas été officiellement déclarés comme ayant eu accès à des services de dépistage et de traitement. La proportion était encore plus élevée - 72 % - pour les moins de 5 ans. Et plus des deux tiers des enfants éligibles de moins de 5 ans n'ont pas reçu de traitement préventif.
« Les enfants et les adolescents atteints de tuberculose sont en retard sur les adultes en ce qui concerne l'accès à la prévention et aux soins antituberculeux », a déclaré la Dr Tereza Kaseva, directrice du programme mondial de lutte contre la tuberculose de l'OMS. Près de 226 000 enfants et adolescents sont décédés de la tuberculose en 2020.
L'OMS préconise ainsi chez les enfants et adolescents :
- d'utiliser pour le diagnostic des prélèvements non invasifs telles que les selles ;
- d'avoir recours au diagnostic moléculaire rapide pour le test initial ;
- de traiter les formes peu sévères de tuberculose sensible pendant quatre mois au lieu de six et la méningite tuberculeuse pendant six mois au lieu de douze, l'objectif étant de « réduire les coûts des soins de la tuberculose pour les enfants, les adolescents et leurs familles » ;
- d'utiliser la bédaquiline et le délamanid dans les tuberculoses résistantes quel que soit l'âge de l'enfant, rendant ainsi possible un traitement 100 % oral.
L'OMS fait également la promotion de nouveaux modèles de soins intégrés et décentralisés, pour que davantage d'enfants soient pris en charge au plus près de leur lieu de vie.
Besoin désespéré d'un test diagnostique simple
Médecins Sans Frontières salue dans un communiqué ces recommandations, tout en soulignant les difficultés d'accès au test diagnostique dans les selles sur le terrain. Le test GeneXpert Ultra recommandé « est exclusivement produit par la société américaine Cepheid », est-il expliqué, ce dernier étant « trop cher » pour de nombreux pays et l'appareil de lecture « n'étant pas adaptée à une utilisation dans des endroits reculés où la majorité des enfants vivent ».
Le dépistage de la tuberculose est difficile chez les enfants, d'une part parce qu'ils ont du mal à cracher et d'autre part parce que les concentrations bactériennes sont plus faibles dans les échantillons, explique MSF. « Nous avons toujours désespérément besoin d'un test de la tuberculose pour les enfants, qui puisse être utilisé dans les endroits même les plus isolés et qui se fasse à partir de prélèvements faciles à collecter, dans la salive ou par piqûre au bout du doigt », souligne Stijn Deborggraeve, conseiller en diagnostic de MSF.
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