La colère médicale ne retombe pas

Valls prend la main, le bras de fer continue

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Publié le 23/03/2015
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Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et les médecins libéraux, en même temps que le parcours du combattant pour la ministre de la Santé.

Au terme d’une folle semaine qui a vu Manuel Valls reprendre la main sur la santé tout en affichant son « soutien absolu » à Marisol Touraine (blessée par des attaques personnelles) et à la réforme du tiers payant, pendant que Nicolas Sarkozy courtisait la profession et que les députés amendaient le projet de loi en commission des affaires sociales (lire ci-contre), la pression n’est pas retombée sur l’exécutif.

Au contraire, l’annonce par le Premier ministre d’une grande conférence nationale de santé (lire ci-dessous) censée « approfondir le dialogue » sur les questions de métier et d’exercice a en partie fait « pschitt ». Même si personne ne refuse la réflexion, les médecins, dans leur grande majorité, ont vu dans cette promesse une opération de diversion au moment où les députés votaient le tiers payant. La désillusion est d’autant plus forte que Manuel Valls a exclu tout changement d’ordre du jour parlementaire. Le message de Matignon est clair : le projet de loi de santé suit son cours (en procédure accélérée), le texte sera bel et bien voté mais, ajoute-t-il, ce n’est qu’une étape. Continuons le combat, ont répondu les médecins.

Journée santé morte, tentes...

Désormais, la CSMF réclame l’« abandon total » du projet de loi Touraine, après avoir souhaité sa réécriture. Le syndicat appelle les médecins à participer à une journée santé morte le 31 mars, date de présentation du projet de loi en séance publique à l’Assemblée. « Le dialogue est rompu, nous entrons dans une guérilla », précise le Dr Patrick Gasser, chef de file des spécialistes confédérés.

La FMF a proposé aux autres syndicats une nouvelle manifestation unitaire le 31 mars devant l’Assemblée nationale. Le même jour et au même endroit, l’Union française pour une médecine libre (UFML) plantera deux tentes symboliques : l’une accueillera la population pour des consultations gratuites, l’autre recevra les parlementaires pour les alerter sur les dangers du projet de loi. Le syndicat Le BLOC, majoritaire dans les spécialités de plateaux techniques, estime que l’heure est à la « mobilisation générale ». Chaque fois que le gouvernement bouge, c’est pire qu’avant », tacle le Dr Xavier Gouyou-Beauchamps (UCDF).

Quant à MG France, s’il salue comme une « victoire » le retrait de la vaccination par les pharmaciens, il juge après réflexion que le schéma de tiers payant du gouvernement est « inacceptable et inapplicable ». « Il y a quatre vérifications à faire », calcule le Dr Leicher, citant la carte Vitale, les droits des complémentaires, le parcours de soins et l’autorisation de prélèvement...

Du côté des plus jeunes, pas question de baisser la garde. Les internes de médecine générale (ISNAR-IMG) n’ont pas levé leur préavis de « grève nationale totale » (urgences et gardes) du 25 au 27 mars.

Les internes de l’ISNI analysent le projet de loi amendé. « L’heure n’est pas à la détente, prévient Mélanie Marquet, présidente de l’ISNI. Dans tous les cas, il y aura des AG dans les villes, autonomes. Clairement, nous n’avons pas été entendus sur de nombreux points ». Le statut de PH remplaçant, le tiers payant incluant prélèvement bancaire ou la gouvernance hospitalière restent des points durs.

Cyrille Dupuis

Source : Le Quotidien du Médecin: 9397