Violences faites aux femmes en ligne : le Haut Conseil à l'égalité veut sortir de l'impunité

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Publié le 08/02/2018
violence femme net

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Crédit photo : PHANIE

Outil de libération de la parole (#metoo, #balancetonporc, etc.), internet peut aussi être un espace de violences massives contre les femmes, des violences en ligne qu'il faut combattre, alerte le Haut Conseil à l'égalité (HCE) dans un rapport remis ce 7 février au secrétaire d'État au Numérique Mounir Mahjoubi.   

Selon l'Organisation des Nations-Unies (ONU), 73 % de femmes ont déclaré avoir été victimes de violences en ligne, et 18 % d'entre elles ont été confrontées à une forme grave de violence sur internet. Le HCE déplore l'impunité qui règne sur ces agressions, qui relèvent de violences faites aux femmes, s'originant dans le sexisme et la domination masculine, et ayant des conséquences néfastes sur la santé et la vie sociale et intime des victimes. 

Le HCE distingue deux formes de violences en ligne : le cyber contrôle dans le couple (ou à l'égard d'une ex), qui consiste à se servir du numérique pour surveiller la conjointe, et le harcèlement sexiste et sexuel en ligne, qui touche principalement les jeunes femmes (1 adolescente entre 12 à 15 ans sur 5 dit avoir été insultée en ligne sur son apparence physique), et les femmes qui dénoncent le sexisme. Selon un testing du HCE en juin-juillet 2017, seulement 8 % des contenus sexistes signalés, sont supprimés. Une modération « insuffisante, aléatoire et non graduée, parfois trop lente », lit-on. 

Prendre en charge à 100 % les soins somatiques ou psychiques

Le HCE trace plusieurs pistes d'amélioration. Pour sortir du déni, il faut d'abord prendre conscience de l'ampleur des violences en ligne, en les comptabilisant, et en rappellant via une grande campagne d'information les interdits posés par la loi. Il faut aussi informer les professionnels du droit, de la police et gendarmerie, mais aussi de l'accueil des victimes, de l'existence du cybercontrôle au sein du couple. Et former le personnel éducatif et enseignant, ainsi que magistrats et avocats aux violences faites aux femmes en ligne.

Il est « impératif de prendre en charge à 100 % par l'État » les soins somatiques ou psychiques dispensés à toutes les victimes, y compris majeures, par des psychologues, médecins et psychiatres spécialisés. Le HCE recommande aussi de former l'ensemble des professionnelles de santé (généralistes, urgences, infirmiers scolaires) aux conséquences des violences en ligne sur la santé des victimes. 

Selon une consultation de l'UNICEF France, en 2014, le risque de commettre une tentative de suicide est 3,17 fois plus élevé pour les victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux. Le collectif « féministes contre le cyberharcèlement » note qu'un tiers des victimes de cyberharcèlement présente tous les symptômes du syndrome de stress post-traumatique (PTSD). 

Le HCE appelle à la mobilisation des réseaux sociaux et exige qu'un délai de réponse au signalement soit limité à 24 heures et que davantage de moyens financiers et humains soient consacrés à la lutte contre la pédocriminalité en ligne et le cyberproxenétisme.

Enfin, le Haut Conseil prône plusieurs évolutions du droit pour s'adapter à ces nouvelles formes de violences comme prévoir pour les majeur(e)s un droit absolu à l'effacement des données personnelles et étendre d’un an à trois ans le délai de prescription des délits de presse que sont les injures publiques et incitations à la haine commises en ligne. 


Source : lequotidiendumedecin.fr