ERS 2022

Apnées du sommeil, le risque accru de cancer se confirme

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Publié le 19/09/2022
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On sait que les patients souffrant d’un syndrome des apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) courent un risque accru de cancer, mais cette association est moins bien documentée qu’avec les pathologies cardiovasculaires, la résistance à l’insuline, le diabète ou la stéatose hépatique. Une vaste étude observationnelle suédoise basée sur les données de 62 811 patients précise les choses. Par rapport aux autres patients apnéiques appariés sans cancer, les 2 093 patients atteints d’un cancer avaient des indices plus élevés d’apnée-hypopnée (32 vs 30 événements/heure) et de désaturation en oxygène (28 vs 26 (16-41) événements/heure). Cette étude apporte aussi quelques éléments de réponse quant à savoir si ce surrisque de cancer est dû aux apnées elles-mêmes ou à des facteurs de risque connexes de cancer, tels que l’obésité ou les maladies cardio-métaboliques dont peuvent souffrir les patients.

L’hypoxie intermittente indépendamment associée au surrisque

« Nos découvertes prouvent que l’hypoxie intermittente due au SAHOS est indépendamment associée au cancer », explique le Dr Andreas Palm (Uppsala), qui présentait cette étude. Mais si ces deux maladies sont bien liées, il n’est pas possible en revanche d’affirmer que les apnées provoquent le cancer, car certains facteurs du mode de vie (activité physique, régime alimentaire) n’ont pas été pris en compte individuellement.

Un second travail, du CHU de Lausanne, mené chez 358 personnes âgées de 65 ans recrutées dans les études CoLaus/PsyColaus et HypnoLaus entre 2003 et 2008 et suivies tous les cinq ans, suggère que le SAHOS et la privation nocturne d’oxygène seraient associés à un déclin plus important de la fonction cognitive globale, de la vitesse de traitement, de la fonction exécutive et de la mémoire verbale.

Enfin, une troisième étude, française, est la première à s’intéresser à l’association entre les apnées et l’incidence des thromboses veineuses (7 355 patients suivis pendant plus de six ans). Selon le Pr Wojciech Trzepizur (CHU d’Angers), « les patients atteints d’apnées du sommeil les plus sévères étaient plus susceptibles de développer une thrombose veineuse. Et ceux qui passaient plus de 6 % de leur nuit avec des niveaux d’oxygène sanguins inférieurs à 90 % de la normale avaient un risque presque doublé par rapport aux patients sans privation d’oxygène ». Reste à savoir si la pression positive continue pourrait réduire ce risque.


Source : lequotidiendumedecin.fr