• Particularités épidémiologiques
Les hommes ont une moindre propension à souffrir de syndromes dépressifs (épisode dépressif majeur selon le DSM-IV) que les femmes avec un sex ratio de 2/1 ; cette donnée est universellement retrouvée dans toutes les études épidémiologiques. De nombreuses hypothèses ont été évoquées pour interpréter cette différence (biais de déclaration, standards de la santé plus masculins que féminins qui, par contraste, feraient apparaître une plus grande proportion de femmes déprimées etc.) mais aucun de ces biais ne peut suffire à rendre compte de cette inégalité hommes/femmes. Par ailleurs, l’existence d’une vulnérabilité génétique liée au sexe supposerait que les dépressions endogènes aient un sex ratio encore plus fort, ce qui n’est pas le cas. Le poids des facteurs psychosociaux, avec une plus forte exposition des femmes au stress et aux difficultés de vie, est actuellement privilégié. Pour preuve, le fait qu’à niveau socio-professionnel comparable, le sex ratio se rapproche de 1. Les femmes les plus exposées étant plutôt celles de bas niveau socio-éducatif, ne travaillant pas, ayant une relation peu satisfaisante avec le conjoint comme l’ont montré G. Brown et T. Harris dans leur célèbre étude de la dépression de la femme dans la banlieue londonienne. Dans les deux sexes, il existe une corrélation négative entre la qualité de la relation conjugale et la dépression ; par ailleurs, le mariage semble être un facteur de protection pour l’homme et l’isolement un facteur de risque.
• Particularités cliniques et thérapeutiques
Si la clinique du syndrome dépressif majeur est globalement comparable dans les deux sexes, les hommes ont une moindre propension à exprimer la composante psychologique de la dépression en privilégiant plutôt son expression somatique, (psychalgies dépressives, troubles du sommeil, fatigue, troubles de la libido).
Certaines comorbidités sont plus spécifiquement masculines : 2 à 3 fois plus de suicides chez l’homme avec une surmortalité se confirmant à tous les âges et une augmentation des taux entre l’adolescence et l’âge adulte (maximum d’incidence vers 50 ans), suivie d’une diminution modérée jusqu’à l’âge de la retraite puis d’une nouvelle augmentation jusqu’aux âges les plus élevés (l’incidence de la dépression a d’ailleurs plutôt tendance à croître avec l’âge chez l’homme et à être de survenue plus tardive). L’importance des comorbidités addictives, notamment avec l’alcool, est également bien démontrée et complique la prise en charge. Dans la National Longitudinal Alcohol Epidemiologic Survey (NLAES) portant sur plus de 40 000 sujets en population générale et étudiant la dépression et l’alcoolisme, la prévalence de la dépression chez les patients présentant un abus ou une dépendance alcooliques, était de 36,3 % sur l’année et de 40 % sur la vie entière. Le risque suicidaire est très majoré chez l’alcoolique déprimé.
Il n’existe pas de grande différence dans l’efficacité des antidépresseurs entre les deux sexes mais une plus grande difficulté à nouer une alliance thérapeutique avec les hommes qui ont aussi une plus forte réticence à consulter et une moindre compliance au traitement.
D’après un entretien avec le Pr Frédéric Rouillon CMME, hôpital Sainte-Anne, Paris.
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