La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) n’est pas une maladie de l’homme et elle touche désormais presque autant de femmes. Elle reste pourtant sous-diagnostiquée chez la femme, d’une part parce que le diagnostic n’est pas spontanément évoqué chez une fumeuse, et d’autre part parce que ses manifestations sont volontiers atypiques. « Contrairement à l’homme où toux et crachats dominent le tableau, la femme rapporte plus souvent de la fatigue, de la dépression ou une baisse de la qualité de vie », note la Dr Émilie Zard (Épinay-sous-Sénart) qui insiste sur l’importance de s’enquérir de la consommation tabagique et de rechercher une dyspnée ou de la toux face à ce type de plainte. Le bilan doit alors comprendre une mesure du souffle. « Et lorsqu’une femme décrit une dyspnée, elle est souvent plus intense que chez l’homme à niveau d’obstruction égale », poursuit la Dr Cécilia Nocent (Bayonne).
Une autre particularité de la BPCO chez la femme est la nécessité de prendre en compte les comorbidités, cardiovasculaires comme chez l’homme, mais aussi ostéoporose, anxiété-dépression et cancer broncho-pulmonaire, dont le risque est plus élevé que chez l’homme.
Polluants professionnels
Au niveau physiopathologique, le tabac représente bien sûr le principal facteur de risque, mais les polluants professionnels jouent aussi un rôle important chez les femmes. Les risques liés à l’industrie du textile sont bien connus, mais ne sont pas les seuls. Une étude présentée lors du dernier congrès européen de pneumologie a mis en évidence un risque accru de développer une BPCO (+ 22 %) chez les infirmières utilisant régulièrement des détergents de surface.
« Il n’y a par contre pas beaucoup de données sur les éventuelles différences de réponse thérapeutique entre hommes et femmes », indique la Dr Nocent. Pour le sevrage tabagique, la crainte de la prise de poids est un vrai frein chez la femme, mais si un sevrage est décidé, les chances de réussite à court terme sont plus élevées que chez l’homme. Il semblerait aussi que les femmes répondent mieux à la réhabilitation, mais les données sont discordantes.
Entretien avec les Drs Emilie Zard, médecin généraliste, Épinay-sous-Sénart et Cécilia Nocent, pneumologue-allergologue, centre hospitalier, Bayonne.
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