On sait aujourd’hui que l’influence de la musique longtemps cantonnée à son impact sur la motricité par le rythme ou la détente est en fait beaucoup plus large. Ses effets dépassent les aspects audition, motivation, plaisir, ou réutilisation d’aptitudes musicales et peuvent être utilisés chez des personnes sans pratique ni capacités musicales particulières. « On ne peut plus aujourd’hui envisager les systèmes cérébraux uniquement sous l’angle catégoriel ; ils fonctionnent aussi de façon multitâche intermodalitaire, de façon beaucoup moins indépendante que ce qu’on imaginait, explique le Pr Pierre-Alain Joseph. L’audition joue sur les autres sens mais aussi sur la sensorimotricité, le fonctionnement intellectuel et cognitif, les émotions. Ainsi les travaux de Spencer à Oxford montrent que le fait d’écouter de la musique modifie la façon dont on utilise son odorat », ce qui a conduit la maison de Champagne Krug à travailler avec le jazzman Jacky Terrasson pour étudier l’effet des mélodies sur la dégustation de ses vins.
Des effets sur les fonctions motrices, cognitives et sensorielles
En cas de handicap important, il est difficile de faire appel au contrôle cognitif ou à l’initiative, aussi se développent des approches plus basées sur les automatismes procéduraux. On a ainsi montré que l’apprentissage du chant et du piano améliore de 30 % les capacités spatiales et accélère le développement du langage chez l’enfant. Ces données avaient jusqu’ici été assez peu étudiées dans le cerveau adulte qu’on considérait comme plus « figé ». « Or ces 20 dernières années ont révolutionné nos connaissances sur la plasticité du cerveau et la manière dont il se modifie selon les pratiques. Quels que soient l’âge et l’état clinique, le cerveau garde une certaine plasticité, ce qui permet d’utiliser la stimulation auditive pour améliorer les fonctions motrices, cognitives et sensorielles chez l’adulte », insiste le Pr Joseph. Dans la maladie de Parkinson, la musicothérapie est utilisée avec succès dans la rééducation des troubles de la marche par la synchronisation des pas sur des rythmes; elle améliore aussi l’orientation spatiale et les troubles mnésiques. « Nous avons développé à Bordeaux, en collaboration avec des équipes de Lausanne et de l’ESIEA Laval, un supermarché virtuel qui permet d’améliorer les difficultés temporospatiales grâce à des indices auditifs ».
La musicothérapie a tout un champ de recherches et d’applications thérapeutiques qui se développent dans une orientation multidisciplinaire qui s’appuie aussi sur l’expertise de musiciens professionnels, témoignant de l’ouverture de la MPR vers d’autres domaines qui s’ignoraient quelque peu jusqu’ici.
Article précédent
L’intérêt démontré d’une prise en charge pluridisciplinaire
Au service du patient
Un enjeu pour la MPR
Pour une société plus inclusive !
Jeux vidéo, exosquelettes robotisés, stimulation électrique…
Des programmes adaptés
L’intérêt démontré d’une prise en charge pluridisciplinaire
La rééducation suit son rythme
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature