L’un des enjeux majeurs de la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) constitués est la limitation des séquelles à long terme. Et, à côté de la rééducation précoce, différentes techniques susceptibles d’améliorer la récupération fonctionnelle, notamment au niveau du membre supérieur, sont évaluées. « Après un AVC, seuls 15 % des patients récupèrent une main fonctionnelle », rappelle le Pr Philippe Marque (Toulouse). Parmi les approches en évaluation, deux méthodes de stimulation corticale non invasives semblent particulièrement intéressantes : la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la stimulation transcrânienne directe par courant continu (tDCS). « Le concept est relativement ancien, puisque les premiers travaux sur la rTMS datent de 1985 et qu’elle a été largement utilisée à visée diagnostique avant l’arrivée de l’IRM. Quant à la tDCS, elle est directement inspirée de la galvanisation proposée par Charcot à la fin du XIXe siècle », rappelle le Pr Marque.
Globalement, ces techniques agissent sur la plasticité cérébrale, avec un effet qui semble d’autant plus durable qu’elles sont appliquées de manière répétée. Elles sont utilisées dans l’AVC, mais aussi dans d’autres situations cliniques, comme les douleurs neuropathiques, les troubles obsessionnels compulsifs, ou encore la dépression.
Mieux identifier les sujets répondeurs
Dans les troubles de la motricité post-AVC, les données de la littérature confirment leur impact positif sur la plasticité cérébrale. Les résultats des études les comparant aux autres techniques, notamment de kinésithérapie, sont en revanche plus hétérogènes. « Certains sous-groupes de patients répondent mieux que d’autres à ces approches, et nous devons désormais mieux identifier les sujets répondeurs, par exemple en évaluant l’intégrité des voies motrices restantes par des critères cliniques, la présence de potentiels évoqués moteurs ou la mesure de la fraction d’anisotropie en IRM », précise le Pr Marque.
Dans le contexte du post-AVC, ces méthodes ont des applications potentielles au-delà de la récupération fonctionnelle, sur les douleurs neuropathiques, très fréquentes, comme sur le syndrome algoneurodystrophique et les fonctions cognitives. Elles pourraient aussi avoir un intérêt au-delà des premiers mois après l’AVC, à une phase plus chronique, en relançant le processus de plasticité cérébrale.
Tout un champ de recherche est donc ouvert, et de plus en plus de services hospitaliers spécialisés se tournent vers ces techniques. « Si la rTMS présente l’avantage de sa précision et de son caractère focal, la tDCS, moins onéreuse, se prête facilement aux études cliniques contre procédure sham, ce qui renforce la qualité méthodologique de ses évaluations », conclut le Pr Marque.
D’après un entretien avec le Pr Philippe Marque, chef du service de médecine physique et de réadaptation de l’hôpital Rangueil (Toulouse)
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