Le processus de nomination du nouveau directeur général de l'Organisation mondiale de la santé est profondément marqué par les critiques essuyées par l'organisation dans sa gestion de la crise Ebola.
Dans le long texte publié dans « The Lancet » les 6 candidats ont tous, sans exception, décrit ce qu'ils prévoyaient de faire pour améliorer la réponse internationale aux crises sanitaires.
Tedros Adhanom Ghebreyesus (Éthiopie), le Dr Flavia Bustreo (Italie) Philippe Douste-Blazy, David Nabarro (Royaume Uni), Saniar Nishtar (Pakistan) et Miklós Szócska (Hongrie) reconnaissent en effet que les épidémies d'infection par les virus Ebola, Zika et le MERS-CoV ont montré les limites des moyens d'action de l'OMS face aux urgences sanitaires. Ils affichent leur volonté d'appliquer les réformes initiées par l'actuelle directrice, le Dr Margaret Chan, et notamment la transformation de l'OMS en agence opérationnelle dotées d'une enveloppe de près de 500 millions de dollars (plus de 450 millions d'euros).
Des positions similaires
Les candidats adoptent dans leurs déclarations des positions très similaires : tous placent très haut la résistance microbienne aux traitements parmi les sujets de préoccupation prioritaire du futur directeur général de l'OMS, de même que la restauration de l'image de l'institution, écornée par la réaction aux récentes crises sanitaires.
Il existe cependant des différences, souvent liées au parcours respectif des candidats. Ainsi Tedros Adhanom Ghebreyesus ancien ministre de la santé d'Éthiopie de 2005 à 2012 note que la mondialisation a fait croître le risque infectieux et souhaite que l'OMS accorde une place plus importante aux pathologies liées au changement climatique et aux déplacements de population. Il souhaite donc faire de l'OMS une organisation « plus efficace, transparente, responsable et homogène » et prône une « couverture médicale universelle ».
Il met aussi l'accent sur les problèmes de financement de l'Organisation dont le budget « est plus petit que celui d'un seul centre médical situé dans un pays développé ». Il souhaite donc créer un comité consultatif composé de ministres de la santé, et des finances des pays membres.
Le Dr Favia Bustreo, sous-directeur général de l'OMS en charge de la santé de la famille, de la femme et de l'enfant après une carrière auprès des réfugiés dans l'ex-Yougoslavie et en Irak, met l'accent sur les « millions de réfugiés et de déplacés qui n'ont pas accès aux services de santé les plus basiques. Où est l'équité pour ces gens ? », questionne-t-elle. Elle situe les priorités de l'OMS dans sa capacité à favoriser l'accès à l'éducation, l'énergie, l'eau, l'hygiène et le développement des infrastructures. Elle fustige enfin la lenteur de la communauté internationale à reconnaître l'impact sanitaire du changement climatique et pour y remédier.
Les finances de l'OMS en question
L'ancien ministre français de la santé, Philippe Douste Blazy, fait figurer quant à lui la lutte contre les maladies non transmissibles parmi ses priorités. « 90 % des décès prématurés causés par les maladies non transmissibles surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, nous devons développer des recommandations qui se concentrent sur la prévention et les facteurs de risque majeurs dont le tabac et l'obésité », précise-t-il.
David Nabarro est un pur produit de la santé publique britannique, et est conseiller spécial du secrétaire des Nations Unis pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour lui, ce sont avant tout les objectifs du développement durable qui doivent guider l'action de l'OMS. Il craint lui aussi que l'organisation soit limitée par son budget. « Avec des coûts fixes significatifs, les effets de l'inflation et un budget qui n'augmente pas, il est difficile de faire plus et mieux sans réduire le nombre de taches, raisonne-t-il, la dépendance vis-à-vis des participations volontaires des états membres est inévitable mais elle ne doit pas nous encourager à poursuivre des activités qui peuvent être assurées plus efficacement par d'autres organisations. »
Une liste restreinte en janvier
La chirurgienne et ancien ministre pakistanaise Saniar Nishtar, est celle qui a le plus développé sa vision du poste, avec un site dédié (www.sanianishtar.info) dans lequel elle expose ses 10 engagements, dont la mise en commun des ressources des pays membres, l'harmonisation des normes de santé publique, l'accélération de la réforme de l'OMS ou encore la recherche d'un nouveau modèle de financement.
En janvier 2017, le conseil exécutif de l’OMS établira une liste restreinte de cinq candidats au maximum. Les membres du conseil désigneront trois d’entre eux, au maximum, dont la candidature sera examinée par l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2017. Les États membres éliront alors un nouveau directeur général pendant l’Assemblée.
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