POUR L’ADOLESCENT, explique Guy Scharmann, psychothérapeute et psychanalyste, le grand intérêt d’Internet est de permettre d’établir des relations sans corps à un moment où l’image de son propre corps n’est pas encore établie. Internet est très projectif. La fausse relation qui se noue avec l’autre est d’autant plus en miroir.
D’où le succès des conversations en ligne (MSN), de Faceboook et autres réseaux sociaux. « Le danger, souligne Me Olivier Iteanu, avocat, ce sont les traces que les adolescents laissent sur Internet. Les informations que je donne sur moi et que les autres donnent sur moi. Il n’y a pas de vie privée sur le Net. » Dominique Delorme, responsable de la ligne d’assistance Net Écoute*, qui répond à tous les problèmes se posant aux jeunes sur Internet, insiste sur les phénomènes extrêmes de vengeance et de chantage (7 % des appels de Net Écoute). Il n’est pas difficile pour un prédateur de croiser les informations (une photo montre l’entrée du collège, elle est commentée par des contacts qui laissent leur prénom, etc.) pour se faire passer pour un ami. « Les adolescents sont téméraires. Ils font en ligne des choses qu’ils ne feraient pas dans la vraie vie. » Par ailleurs, poursuit Dominique Delorme, ils vivent des amitiés fusionnelles où l’on s’échange les mots de passe mais qui, lorsqu’elles se révèlent éphémères, suscitent des attitudes de vengeance, via Internet ou les réseaux mobiles, avec diffusion de vidéos, etc.. « Ils sont peu accessibles aux mises en garde de ce type. »
Que faire ?
Informer bien sûr. Et prévenir. Il ne suffit plus d’installer un filtre qui interdit l’accès à certains sites. Et les réseaux sociaux font partie de la vie de l’adolescent. Il est utile de conserver un ordinateur familial dans la salle de séjour et dont les parents restent les administrateurs. Cela contribue à instaurer le dialogue nécessaire. Sachant que la consultation de l’Internet mobile sur les smartphone échappe à tout contrôle. Mais ces appareils plus coûteux sont encore rarement entre les mains des adolescents.
Il y a des règles simples, rappelle Dominique Delorme, comme de paramétrer le mode privé de Facebook pour ses photos et informations. Certains ignorent cette possibilité. Les parents peuvent aussi activer sur MSN le logiciel spécifique qui leur permet de recevoir une alerte à chaque nouveau contact.
Il faut surtout bien paramétrer les logiciels de contrôle parental, rappelle Adrian Barbu, directeur Recherche et Développement de Profil Technology, à l’initiative de cette réunion, et se protéger à la source. On peut très facilement modifier les filtres (il y en a sur Google) ou bien stipuler les données qui ne doivent pas sortir(comme l’adresse de la maison par exemple) et feront l’objet d’un message de blocage. La meilleure solution serait que les fournisseurs se préoccupent du problème. « On devrait donner le maximum de sécurité lors de la première connexion et baisser ensuite les filtres et les blocages. » Mais c’est l’inverse qui se produit. Car cela va à l’encontre des objectifs d’audience, génératrice de publicité.
* L’association e-enfance sensibilise les jeunes aux risques d’Internet avec des modules spécifiques en fonction des tranches d’âge et opère la ligne Net Écoute : 0820.200.000
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