La baisse de 15 % des décès cardiovasculaires observée entre 1980 et 2000 est en partie à mettre au compte des progrès dans la prévention. Mais tous les patients ne semblent pas égaux, avec notamment des différences liées au sexe. Ceci est bien établi dans le syndrome coronaire aigu, avec en particulier un retard à la coronarographie chez les femmes, ou dans l’angor stable avec un moindre recours aux examens complémentaires. Ces différences se retrouvent également en prévention secondaire, les femmes recevant par exemple moins souvent de l’aspirine ou bénéficiant d’un moins bon contrôle de leurs paramètres lipidiques.
« Toutefois nous ne disposons que de peu de données en prévention primaire et surtout, l’impact du sexe du médecin est mal connu », a rapporté la Dr Raphaëlle Delpech. On sait que les femmes ont de meilleurs résultats en termes de vaccination, mais qu’un est-il en prévention du risque cardiovasculaire ? « Nous avons analysé l’évaluation du risque cardiovasculaire des patients indemnes de maladie cardiovasculaire par leur généraliste selon le sexe du patient et du médecin, dans une étude ayant inclus 52 médecins généralistes volontaires et 2 262 de leurs patients (1014 hommes et 1 248 femmes) tirés au sort. Ces médecins étaient pour la moitié d’entre eux âgés de 50 à 60 ans, quel que soit leur sexe. Les femmes étaient plus nombreuses à Paris, menaient des consultations plus longues et voyaient moins de patients par semaine ».
Les auteurs ont ajusté les données obtenues à différents paramètres connus pour être associés à la réalisation d’actes de prévention. Quel que soit le sexe du médecin, l’évaluation du risque cardiovasculaire (tabac, glycémie à jeun, cholestérolémie) était plus fréquemment réalisée chez les patients hommes que chez les femmes. Ces différences restaient significatives si le médecin était un homme, mais ne restaient significatives que pour le tabagisme si le médecin était une femme.
En analysant les duo médecins/patients, les auteurs ont montré que les patients les moins fréquemment évalués étaient les patientes femmes suivies par des médecins hommes. Il paraît donc important de sensibiliser les professionnels de santé à cette problématique.
D’après la communication de la Dr Raphaëlle Delpech, université Paris-Sud. Les différences dans l'évaluation du risque cardiovasculaire des patients en prévention primaire selon le sexe du patient et du médecin
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