Comme de nombreux confrères j’interviens, en plus de mon activité professionnelle, dans la formation des étudiants (je les reçois dans mon cabinet). Au fil des années, des échanges très enrichissants ont pu se développer entre étudiants (internes) et moi-même ; échanges qui ont permis de mieux appréhender mon exercice professionnel.
Une autre catégorie d’étudiants vient également dans les cabinets des généralistes : les externes (étudiants de 4e ou 5e année). Bien entendu leurs connaissances dans le domaine médical restent souvent limitées, et nous intervenons pour leur donner des bases d’une pratique future.
Cet exercice très chronophage n’est pas exempt d’intérêt, car cela permet de mieux connaître ces futurs confrères ; leurs aspirations professionnelles et leurs impressions sur ce type d’exercice. Force est de constater qu’ils sont de plus en plus attentifs et volontaires dans nos cabinets libéraux.
Difficultés sur les terrains de stage
Cependant, de nombreux écueils freinent les choix du lieu de stage. Se pose la question du logement, car ces étudiants qui doivent aller très loin du lieu de leur université, ont des difficultés pour trouver un hébergement. Et il faut mentionner aussi le refus de certains collègues de les recevoir, car ils ont une appréhension de former ces jeunes étudiants.
En ce qui me concerne, je comprends tout à fait leur situation, c’est la raison pour laquelle je mets à leur disposition un studio avec tout le confort nécessaire pour qu’ils puissent étudier également.
Depuis quelques mois, la pandémie due au COVID-19 a changé quelque peu cette situation, et certains collègues, auparavant volontaires pour recevoir ces jeunes, ont décidé de modifier leur activité et de ne plus accueillir en stage les externes.
Ce n’est pas mon cas, car il est important, malgré le contexte sanitaire d’assurer un niveau de formation de qualité. Cela est possible en respectant les mesures sanitaires pour éviter toute propagation virale.
Du fait de cette situation difficile, j’ai proposé aux responsables universitaires (secrétaire du 2e cycle, et du département de médecine générale) de recevoir deux étudiants de 4e année. Ainsi entre le 20 décembre et 15 janvier deux externes vont venir pour mieux connaître la médecine générale.
Le maître de stage a aussi un rôle social
Conscient de la période qui est plutôt festive, j’ai proposé à ces jeunes de partager la période en deux. À mon grand étonnement, ils ont tous les deux refusé, car pour eux il était important d’effectuer un stage complet en cabinet.
En fait, j’ai bien compris que le confinement pesait énormément sur la santé mentale de ces jeunes étudiants, et qu’ils étaient heureux de sortir de leur cage universitaire « dorée ». Ils peuvent actuellement effectuer certains stages universitaires, mais les cours sont donnés via le net.
Ce comportement m’a beaucoup ému, et quelque peu interrogé sur le rôle du médecin généraliste dans cette crise sanitaire. Nous sommes également les garants de la santé mentale de nos futurs confrères, et nous devons accepter de les recevoir pour crever l’abcès qui les taraude.
C’est la raison qui m’a décidé à les accueillir tous les deux. Par ailleurs il est certain que je vais mieux m’investir avec ces deux jeunes pour qu’ils puissent repartir sereins, et émerveillés. De plus, cette rencontre sera également l’occasion de discuter de leurs difficultés et de leurs angoisses. Je ne peux, à ce titre, que remercier le secrétaire du département de médecine générale qui a incité et permis à de nombreux étudiants de venir en milieu rural. De cette manière ils peuvent sortir de leur coquille universitaire parfois pesante.
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