Courrier des lecteurs

La médecine reste quand même un art

Publié le 15/12/2020

La médecine doit-elle (peut-elle) devenir une science exacte ? On pourrait le penser, vu l'importance donnée à ce jour aux « études randomisées double insu », seules à dire la vérité. Fi des études observationnelles, l'œil du médecin ne comptant plus, seul le nombre et les statisticiens donnent la vérité absolue.

Sûrement, il est intéressant de savoir que tel produit donne par exemple 90 % de résultats positifs. Mais au quotidien, que se passe-t-il ? Au cours de la consultation, le médecin est face à face avec un patient; et pour ce patient, l'efficacité du traitement sera zéro ou cent pour cent… Et cette constatation sera purement observationnelle (avec ou sans examens complémentaires).

Non, ces études ne suffisent pas pour faire de la médecine une science exacte. Il y aura toujours le facteur humain qui fait que chaque individu est unique, face à une maladie ou face à un traitement.

Au moment où je vais envoyer ces remarques, je prends connaissance d'un article intitulé : « Essais cliniques dans la gestion et la prévention du Covid-19 : une étude méta-épidémiologique - examen de la qualité méthodologique ». Voilà maintenant que les statisticiens critiquent les autres statisticiens… Et la conclusion montre que, sur 90 études retenues, le risque de biais (RoB) variait selon les essais, avec un RoB global élevé ou probablement élevé dans 75 essais (82,4 %), le plus souvent en raison de déviations par rapport au protocole prévu (y compris la mise en aveugle) et des processus de randomisation. Quelle valeur réelle y apporter ?

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Dr Jean Hauchecorne Médecin généraliste

Source : Le Quotidien du médecin