Depuis quelques années, les instances professionnelles et syndicales ont réclamé et obtenu que notre bonne vieille médecine générale devienne une spécialité, et donc que les généralistes, (appellation noble qui tend à disparaître), soient désormais des spécialistes. Quelle erreur !
La médecine générale, dans notre métier est porteuse d'une noblesse, d'une hauteur de vue, et suppose un esprit de synthèse, la conscience de la complexité de l'être humain. Toutes choses peu compatibles, à mon sens, avec la notion même de spécialité. Et puis spécialiste en tout, est-ce raisonnable et possible ?
Je constate, en tout cas, que cette campagne déjà ancienne pour faire de la médecine générale une spécialité, a coïncidé avec une lente dégradation de l'image du médecin, petit à petit, refoulé du statut de notable à celui de fournisseur de services de santé. L'appellation de généraliste qui avait « de la gueule » fait place à celle de spécialiste (ce que les patients comprennent mal). Ce qui est à mon avis dommage. Il est probable que cette quête de spécialité a été au départ une façon de demander plus d'équité dans les honoraires, ce qui est légitime, mais cette demande de revalorisation de l'acte de médecine générale justifie-t-elle l'abandon de sa particularité ?
La taxe lapin, encore une idée qui affaiblit un peu plus la notion de médecine libérale…
Qu'il soit très désagréable que des patients oublient ou négligent leur rendez-vous, sans prévenir, c'est entendu. De là à accepter une taxe, décidée par le gouvernement, qui en fixerait le montant, et en organise les modalités de recouvrement, on s'éloigne vraiment de la nécessaire dignité de notre métier. Sauf erreur de ma part, la notion de dépassement d'honoraires pour « exigences particulières » existe toujours et doit permettre aux médecins qui le souhaitent de s'indemniser d'un rendez-vous manqué. C'est plus simple, plus logique, et a l'avantage d'être au choix du médecin lui même et pas de l'administration.
Diable ! La superbe médecine française que nous avons connue, et qui reste capable de prouesses magnifiques, évolue bien médiocrement !
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