C’est avec délectation que j’ai lu le dossier réalisé par les journalistes du Quotidien du Médecin, et traitant de la permanence des soins.
Reconnaissant survoler fréquemment les écrits paraissant dans les journaux, je n’ai pas eu cette mauvaise habitude lorsque j’ai pris connaissance de ce dossier bien ficelé par ailleurs.
Un sondage a été effectué auprès de 563 généralistes afin d’avoir leurs idées sur la permanence des soins.
On remarque qu’un pourcentage important de médecins refuse de faire les gardes car gardent comme priorité leur vie privée.
On ne peut que partager ce sentiment du fait de l’évolution de la société qui privilégie le droit au salarié, et prône l’importance pour son propre épanouissement des loisirs.
Cela est d’autant plus vrai que certaines entreprises publiques vont inaugurer la semaine de quatre jours, cela avec la bénédiction des pouvoirs publics.
De cette manière il est possible de s’adapter au rythme du fonctionnaire qui peut s’occuper de ses enfants, et avoir un week-end plus long.
Découlant de ce constat nous retombons sur la deuxième raison à l’origine de la non-participation des généralistes à la permanence des soins : le fait d’être désabusé.
En effet un praticien ne compte pas ses heures, et il n’accepte plus par manque de reconnaissance des pouvoirs publics de travailler plus.
Un autre volet est développé : celui de la rémunération des effecteurs durant la garde.
Cette attractivité financière est un élément qui conditionne certains praticiens à refuser de participer aux gardes.
Bien entendu travailler au-delà de 20 heures, et le week-end doit être pris en compte pour le calcul de la rétribution des praticiens.
Ce qui doit être souligné dans ce sondage, c’est de voir que si des changements pouvaient s’opérer cela ne modifierait pas dans la grande majorité des cas la position de ceux ne participant pas à la permanence des soins.
L’article est intéressant car il montre la différence de point de vue entre les patients, et un représentant de l’Ordre des Médecins concernant le maillage des zones où la permanence des soins est assurée.
La vraie vie de la permanence des soins
Concernant cette vision différente entre ces deux catégories d’interlocuteurs, il faut savoir qu’aucune version n’est réellement vraie ou fausse.
En fait je pense effectivement que près de 90 % (je ne dirai pas 95 %) du territoire est pourvu par des professionnels de santé effectuant les gardes.
Certains régulateurs font croire aux patients qu’il n’y a pas d’effecteurs de terrain car ils ne jugent pas nécessaire de les solliciter
Alors pourquoi les citoyens n’ont pas la même idée sur ce sujet ?
Nous devons avant toute chose comprendre qu’avant d’intervenir le médecin de garde du secteur doit recevoir une demande de la part du centre 15.
En réalité on se rend compte que certains régulateurs (certains sont des généralistes, mais il peut s’agir d’une permanence) ne dérangent pas les médecins effecteurs dans les cas où la demande se révèle saugrenue ou peu importante.
Certains de ces confrères ou agents font croire aux patients qu’il n’y a pas d’effecteurs de terrain car ils ne jugent pas nécessaire de les solliciter.
De cette manière ils se débarrassent des demandes de soins qui peuvent être réglées le lundi (il est vrai que ce jour-là nous nous tournons souvent les pouces).
Il me semblerait plus judicieux d’être plus juste, et de respecter ceux qui au bout de la chaîne sacrifient leurs week-ends, et souvent se font rabrouer le lundi car aux yeux des patients (on le conçoit parfaitement) personne n’était disponible sur leur secteur.
Ce qui est amusant c’est de voir que Yannick Neuder propose, pour soulager les généralistes assurant la permanence des soins, de supprimer la tranche horaire de 24 heures/8 heures.
Dans la réalité sur notre secteur cette disposition a été prise par l’ARS à notre insu, et on nous a expliqué que nous étions le dernier secteur du département à travailler en nuit profonde.
Compte tenu du nombre trop faible d’appels les organismes de tutelles ont expliqué que cela n’était pas rentable (cela a été acté dans la France entière), ce qui diffère quelque peu du raisonnement de M. Neuder.
Tout aussi intéressant le sujet des SAS.
Outre le fait que les volontaires dans notre département ne sont pas aussi rares que dans d’autres, on se rend compte que ce dispositif est encore mal ficelé car la sollicitation est trop aléatoire, et parfois les patients sont mal orientés car il existe un important retard à l’allumage.
Tout cela pour dire que le sujet de la permanence des soins est un sujet très sensible.
Les propos du premier ministre (« Dans les départements où cet été il n’y aura pas de SAS ou d’organisation, je suis prêt à restaurer des obligations de garde des médecins libéraux ») mettent de l’huile sur le feu à un moment où la plupart des libéraux sont déjà excédés par leur charge de travail, mais aussi l’idée d’une revalorisation repoussée aux calendes grecques.
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