Devant la gravité de la crise de notre système de santé, quelles alternatives se présentent pour le gouvernement de Michel Barnier ? Je propose deux axes majeurs pour sauver le système de santé : réformer les études de médecine et simplifier le mille-feuille administratif.
Réformer les études de médecine
Les études de médecine sont en pleine tempête. La double voie du PASS/LAS est un échec. Elle élimine de très bons étudiants, beaucoup renoncent en cours de cursus, trop angoissés par les études contraintes. La sélection fait trop la part belle à un oral aléatoire qui peut compter jusqu’à 70 % de la note. Les jeunes médecins sont ainsi sélectionnés de façon souvent injuste, sacrifiant les meilleurs.
Il faut également revenir sur cette réforme brumeuse pour la fin du cycle des études de médecine. En octobre 2023, près de 10 000 étudiants en sixième année de médecine ont entamé le marathon pour accéder à l’internat. Entre les épreuves dématérialisées nationales (EDN) qui remplacent désormais les épreuves classantes nationales (ECN), et les examens cliniques objectifs structurés (ECOS), c’est le flou artistique. Plus grave, il manquera cette année 1 500 internes, car un grand nombre d’étudiants préfèrent redoubler leur sixième année afin d’avoir un meilleur choix pour leur spécialité lors de la sélection qui va remplacer les ECN. Alors que faire ?
Sept à huit années sont à mon sens suffisantes pour former d’excellents médecins généralistes. Raccourcir d’une année le cursus qui précède l’internat est permis par l’IA avec moins de cours à l’université. C’était le cas avec les concours de l’externat et de l’internat des hôpitaux de Paris qui étaient accessibles dès la cinquième année pour les plus travailleurs. Cette refonte de l’internat permettrait de mettre sur le marché 4 000 médecins de plus en raccourcissant le troisième cycle d’une année.
Simplifier les mille-feuilles administratifs
L’organisation administrative est trop complexe et paralyse les soins. Le budget qui lui est consacré empêche la revalorisation des soignants. Avec 34 % d’administratifs en France contre 22 % en Allemagne, ce sont 100 000 postes de soignants qui pourraient être financés si le nombre de structures qui gèrent la santé était diminué. Rien que pour l’AP-HP elles sont une dizaine, depuis les agences de santé telle l’ARS Île-de-France, avec l’administration centrale, les groupes hospitaliers universitaires et les directions hospitalières, avec à chaque fois un directeur pour chaque établissement, un comité de surveillance, un conseil d’administration, et des chefs de pôles. À ce mille-feuille indigeste s’ajoutent les fonctions territoriales d’État, les strates de collectivités locales, régions, départements, communes, communautés de communes, syndicats intercommunaux et mixtes, établissements publics de coopération intercommunale, et les innombrables agences, véritables bras armés de l’État.
Cette monstrueuse technostructure compte 1,3 million de fonctionnaires qui pullulent à tous les niveaux de nos territoires et doublonnent avec les agents territoriaux et sociaux. Leur coût serait de 60 milliards d’euros par an. À cela s’ajoutent de nouvelles agences comme le haut conseil des rémunérations, et une agence de conseils intérieurs qui viennent alourdir le système.
Il y a également trop de strates administratives à l’hôpital, plus de dix pour l’AP-HP avec l’administration centrale, les groupements hospitalo-universitaires (GHU) et les staffs administratifs à la tête de chaque hôpital (CS, CA, CLIN, CME).
Les remarques de la Cour des comptes sur ces sujets resteront sans effets, comme à l’habitude. Les milliards d’euros versés à des cabinets de conseils comme Accenture, Mckinsey, Choose, Capgemini, font l’objet d’une commission d’enquête avec des perquisitions au ministère de la Santé, et des plaintes, car ce sont des milliards dépensés sans aucune transparence.
Nous dirigeons-nous vers un tsunami financier ? La dette ayant explosé de 1 000 milliards, les taux d’intérêt ont donc augmenté avec le déclassement de la France en AA- et la crise politique actuelle. Qui pourra imposer à l’administration des réformes douloureuses ?
Comment voulez-vous que des élus et des fonctionnaires fassent des réformes qui simplifieraient l’organisation de la santé ? Cela montrerait que leurs fonctions sont non seulement inutiles, mais encore délétères.
Après la nomination des nouveaux ministres de la Santé et de l’Économie, on attend de savoir quelles seront leurs orientations.
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