Courrier des lecteurs

Tout médecin est amené à faire des choix humainement difficiles

Publié le 11/12/2020

La mise au point que vient de faire le Dr Fuzeau (courrier des lecteurs du 27/11/2020 : « Nous prenons tous soin de nos patients : réponse aux Drs Bersay et Laurent »), me pousse à donner mon avis sur ce délicat sujet : pour des raisons médicales et non parce que j'ai 86 ans.

Le problème soulevé est, je crois, mal posé : dans notre vie de médecin, nous avons été, ou nous pouvons être amenés, hélas, à faire des choix humainement difficiles. Un exemple qui peut être valable en plusieurs circonstances. Vous intervenez pour incendie, accident de transport, et vous êtes en face de trois personnes sévèrement brûlées ou polytraumatisées, les moyens que vous avez sur place ne vous permettent de ne transporter que deux personnes. Quelle est celle que vous allez « abandonner » (au moins dans un premier temps) : le plus vieux, celui qui a plus de 90 % de surface brûlée, ou le plus grand nombre de fractures ? Le choix ne peut se faire sur un seul critère.

Dans le cas du covid-19, le cas épineux est de savoir qui mettre en réanimation ou non. Un critère ne devrait pas suffire pour emporter la décision. La vraie question est : quel est le malade qui bénéficiera réellement de la réanimation ? En se basant, non seulement sur l'âge, mais en prenant également en compte les comorbidités, la clinique (état général, bilan sanguin, infirmités…), l'existence ou non de directives anticipées (dernières volontés sur les soins en fin de vie, etc.).

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Dr Jean Hauchecorne, Médecin généraliste

Source : Le Quotidien du médecin