Migraines

Apprendre à s’autogérer

Publié le 21/10/2011
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De nombreuses idées reçues existent autour de la migraine, et conduisent certains patients à adopter une attitude fataliste. Informer, repérer les facteurs déclenchants, favoriser une bonne gestion des traitements permet une approche thérapeutique globale de cette pathologie neurologique.

« Mme Delphine B., 40 ans, souffre de migraines depuis des années malgré la prise régulière de traitements de fond. Je la vois aujourd’hui en visite à domicile. Elle est en larmes car elle n’a pas pu aller travailler tellement elle souffre… »

Forte automédication

« Selon des études françaises, 30 à 45 % des migraineux n’ont jamais consulté pour leurs migraines, ignorent leur statut de migraineux et les possibilités de prise en charge existantes. Cet état conduit à une automédication importante de la part de ces patients au moment de leurs crises... » prévient la AHAute Autorité de Santé dans ses recommandations 2002*. Il existe par ailleurs un certain fatalisme face à la douleur migraineuse. De nombreuses idées fausses circulent en effet au sujet de la migraine comme « ça passera à la ménopause, c’est à cause des dents, des sinus ou de la vésicule, il n’y a rien à faire car c’est familial, ma mère en souffrait déjà… ». Bref autant de « mauvaises » raisons pour ne pas consulter et se faire aider.

Freinage émotionnel

« Il est important de déterminer, avec le ou la patiente, les facteurs déclenchants de la crise, qui sont parfois uniquement liés à une difficulté à exprimer la colère ou l'envie de toujours bien faire... » reconnaît le Dr Annie Catu – Pinault, généraliste enseignante et membre de la Société Médicale Balint. En effet les modes de fonctionnement psycho-comportementaux (freinage émotionnel par exemple) semblent être souvent présents chez les migraineux et une étude récente (voir encadré) montre que l'utilisation de la relaxation est utile dans le traitement de la migraine.

Traitement précoce de la crise

Le rôle du médecin est aussi d’aider son patient à la bonne gestion du traitement médicamenteux par lui-même. En lui conseillant de traiter précocement la crise avec un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) et si l'AINS n'est pas efficace au bout d'une à deux heures ou en cas d'intolérance, de prendre un triptan. Le triptan pourra être pris d'emblée si l'anti-inflammatoire n'est pas efficace dans la durée ou d'une manière constante, sachant que la prise précoce du triptan lui confère une meilleure efficacité.

Un effet placebo

Les traitements de fond seront aussi expliqués, en particulier ce qu'on peut en attendre en termes de réduction de la symptomatologie migraineuse. Ces consignes précises peuvent participer à la manifestation de l'effet placebo qui se retrouve à hauteur de 50 % dans cette pathologie. Par ailleurs, il est souvent utile de préserver une régularité des rythmes de vie car l'évolution des crises est très influencée par ces variations. Enfin il existe une co-morbidité importante chez ces patients associant troubles anxiodépressifs et psychocomportementaux (difficultés d'affirmation de soi ou d'expression de la colère).

*Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et chez l’enfant, Haute Autorité de Santé (HAS), octobre 2002

 

Dr Jean-Pierre Rageau

Source : lequotidiendumedecin.fr