Dans son bilan annuel sur la tuberculose en France et dans le monde, le BEH tient ce mois-ci des propos à la fois rassurants mais qui incite à la vigilance et à ne pas baisser la garde sur la vaccination antituberculeuse des populations à risques.
-› Ainsi, sur le front épidémiologique, le nombre de cas de tuberculose a baissé en France de 1,7 % entre 2010 (5 187 cas déclarés soit 8,1 pour 100 000 habitants) et 2009 (8,2/100 000 habitants). Un chiffre qui classe aujourd’hui la France au rang de pays à faible incidence de tuberculose. Certaines régions restent toutefois plus exposées que d’autres. Comme les années précédentes, l’Île-de-France (16,3/105) et la Guyane (15,9/105) restent les régions avec les plus forts taux de déclaration. Ce taux est inférieur à 10 nouveaux cas pour 100 000 habitants dans toutes les autres régions. Les populations à risque de contracter l’infection restent les mêmes, les personnes sans domicile fixe et celles nées à l’étranger, notamment dans des pays à forte prévalence de tuberculose chez qui les taux de déclaration sont élevés (› 50/105).
-› L’autre grande et bonne nouvelle que nous annonce ce rapport su BEH est que la stratégie de vaccination des enfants par le BCG ciblée sur les populations à risque fonctionne et a porté les effets attendus. Rappelons en effet les deux modifications importantes de la politique vaccinale par le BCG intervenues ces dernières années. La première en janvier 2006, où le vaccin par multipuncture (Monovax®) a été retiré du marché et remplacé par le vaccin BCG SSI administrable par voie intradermique ; une stratégie qui a conduit à une baisse immédiate de la couverture vaccinale. Et la seconde en juillet 2007, qui a remplacé l’obligation de vaccination des enfants par une recommandation de vaccination ciblée sur les enfants les plus exposés à la tuberculose, et ce à la suite d’une expertise française qui estimait que la vaccination des seuls enfants à risque (<15% des enfants) pouvait éviter les trois quarts des cas de tuberculose jusque-là évités par le BCG. L’InVS était chargée de suivre l’impact de cette décision sur l’épidémie tuberculeuse et sur les niveaux de couverture vaccinale des enfants à risque. L’analyse a porté sur les cas de tuberculose maladie déclarés en France en 2010 parmi les enfants de moins de 5 ans, seule classe d’âge susceptible d’être concernée par une éventuelle la baisse de couverture vaccinale observée dès 2006, suite au retrait du Monovax®. Les modalités de vaccination permettent de contrôler le niveau épidémique puisque le nombre de cas de tuberculose en 2010, est stable par rapport à la période 2000-2005. En 2010, 120 cas de tuberculose maladie ont été déclarés chez des enfants âgés de moins de 5 ans contre 129 cas par an en moyenne sur la période 2000-2005. Et le nombre de formes graves reste très faible. Seul le nombre de d’infections hors Île-de-France, où la part des sujets vaccinés parmi les cas diminue, a augmenté. Les données des certificats de santé montrent que 79 % des enfants âgés de 9 mois du bassin parisien, nés en 2010, avaient été vaccinés par le BCG. Hors Île-de-France, les études montrent des niveaux de couverture vaccinale très insuffisants parmi les enfants à risque (32 % parmi les enfants vus en médecine générale ; 62% en PMI). Les données des certificats de santé du 9e mois mais aussi les résultats d’études en PMI , révèlent que ce sont les enfants suivis en milieu libéral qui sont les moins bien vaccinés. Une enquête chez les médecins du Réseau Sentinelles® suggère que les groupes cibles ne sont pas toujours bien identifiés, les indications de la vaccination pas toujours comprises par les praticiens et la technique intradermique pas toujours maîtrisée.
-› Rien n’incite donc à baisser la garde. D’autant que le réservoir de transmission n’est pas encore prêt de se tarir. La tuberculose reste selon l’OMS la deuxième cause de mortalité dans le monde par infection après le VIH (1,3 millions de décès en 2010).
1- BEH, 12 juin 2012 / n° 24-25.
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