CHAPITRE 2 - UN EXAMEN CLINIQUE NON STIGMATISANT

Publié le 17/04/2015
Article réservé aux abonnés

- L’examen clinique toujours rassurant, mené si possible seul avec le jeune et en respectant sa pudeur, ne doit pas se limiter à son surpoids. La pesée, si possible effectuée avec le jeune seul, est toujours couplée avec la mesure de la taille pour un calcul de l'IMC qui sera reporté sur la courbe de corpulence, pour connaître l'évolution depuis l'enfance (voir : Courbes de corpulence chez les garçons et les filles de 0 à 18 ans, INPES).

- En cas de complications somatiques des consultations spécialisées pourront être demandées (voir encadré E2).

- Une attention particulière doit se porter sur le temps de sommeil de ces jeunes car de nombreuses études montrent une forte corrélation positive entre manque de sommeil et prise de poids (8 heures de sommeil au moins leur sont nécessaires). Un syndrome d’apnées du sommeil doit être systématiquement recherché devant un ronflement, une fatigue importante, des céphalées matinales et des difficultés de concentration en classe. Lors de cet examen le médecin pourra rassurer le jeune sur les spécificités somatiques liées à son surpoids. Les

- Les garçons obèses, inquiets devant leur verge qu’ils estiment souvent trop petite, seront rassurés d’apprendre qu’il s’agit en réalité d’une verge «enfouie » dans la masse grasse, ou l'exploration d'une adipomastie, interprétée à tort comme une gynécomastie peu gratifiante. Les filles seront orientées chez un gynécologue pour leurs éventuelles irrégularités menstruelles, la plupart du temps accompagnées d’hyperpilosité et d’acné. La décision d’une chirurgie esthétique pourra être envisagée, par exemple, devant une adipomastie chez un garçon ou une hypertrophie mammaire ou des lipodystrophies inesthétiques.

- Un suivi régulier permettra à l’ado obèse d'aborder ce corps qui le déroute, de se le réapproprier et de prendre soin de son apparence. Le médecin doit lui apprendre à éviter les désagréments indirects de l’obésité comme les vergetures, la sudation excessive, les mycoses des plis, ou à choisir les chaussures qui ne font mal ni au dos ni aux pieds. Lors des consultations de suivi et en fonction des demandes de l’ado seront tour à tour évoqués des thèmes très concrets liés au surpoids, tels que les loisirs et les activités sportives, le sommeil, le temps passé sur Internet, les problèmes scolaires et les projets d’avenir, l’habillement, le regard des autres, leur rôle parmi leurs pairs, les conduites à risques (tabac, alcool, cannabis...) et, enfin, les relations avec la famille. Le médecin doit aussi adapter la contraception chez ces adolescentes plus particulièrement à risques car certaines pilules contraceptives leur seront proscrites. Une collaboration avec un psychothérapeute et/ou un psychomotricien est parfois nécessaire pour rétablir une meilleure image corporelle et la confiance en soi. En présence d’un syndrome dépressif ou des troubles du comportement alimentaire, la double prise en charge psychologique sera nécessaire.

- Pour les obésités plus importantes, une relation avec une équipe pluridisciplinaire travaillant en réseau est nécessaire. L’ado peut être adressé aux unités hospitalières spécialisées pour les adolescents (type Maisons des Adolescents) qui ont des équipes formées à cette pathologie, aux réseaux de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (RéPOP, www.repop.fr) ou aux nutritionnistes et diététiciens spécialisés dans l’adolescence. Certaines structures hospitalières proposent des groupes de paroles ou d’entraide. Ces structures assureront la transition vers les services d’adultes entre 15 et 18 ans en fonction de la maturité de l'adolescent.



Source : lequotidiendumedecin.fr