CHAPITRE 3 - RÉÉDUCATION ALIMENTAIRE PLUTÔT QUE RÉGIME RESTRICTIF

Publié le 17/04/2015
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- L’obésité ou le surpoids d’un ado nécessite une prise en charge personnalisée. On s’attachera à mieux connaître les goûts de l’ado et, en particulier, les aliments qui lui sont indispensables, ses «doudous alimentaires ». Les consignes données doivent être souples et adaptées à son mode de vie. Il est important de tenir compte de ses préférences alimentaires, de ses connaissances sur l’alimentation et de ses contradictions. Les ados qui ont été confrontés à des problèmes de poids depuis leur enfance entretiennent dans leur discours des idées reçues sur la nutrition. Au fil des consultations, le médecin peut mener une réflexion avec le jeune (et sa famille) sur les thèmes du «manger bien », «manger trop » et «manger sain » afin de combattre toutes ses pensées erronées pour diminuer l'anxiété due à la restriction et le cercle vicieux de la restriction-deshinibition.

- Dans le cas d’une alimentation très anarchique et sans repères, des systèmes d’équivalences et même des quantités précises peuvent être proposées pour aider le jeune et sa famille au quotidien. On veillera à ce que l'ado mange des légumes et de fruits si possible quotidiennement. La consommation de boissons sucrées (sodas et jus de fruits) sera limitée, les boissons light étant un bon compromis. Les produits gras salés (charcuterie, chips, fromages) et gras sucrés (friandises, chocolat, gâteaux) sont des aliments peu rassasiants qu’il faut lui apprendre à consommer en petite quantité, lentement pour en apprécier les arômes. Il est important de rappeler l'importance de la prise d'un petit-déjeuner. La pratique d'un carnet alimentaire peut être utile pour le jeune comme pour le médecin. Il n'est pas un outil de comptabilité diététique mais un objet de liaison où les objectifs peuvent être notés pour chaque consultation.

- Le généraliste peut collaborer avec un spécialiste de la nutrition (diététicien, nutritionniste) pour mettre en place les consignes qui, souvent contraires aux objectifs parentaux, sont difficiles à intégrer dans le quotidien. Afin d’adapter au mieux les quantités consommées, les jeunes doivent être attentifs à leurs signaux de faim, de rassasiement au moment des repas. Grâce à ce type de prise en charge, il apprendra à différencier correctement l’envie de manger de la faim, à pouvoir s’arrêter lorsqu’il est rassasié, etc. Les grignotages, sans faim et sans fin, le plus souvent dus à l’ennui, sont fréquents chez tous les ados (en surpoids ou non). Par conséquent, ce n’est pas en les interdisant que ses mauvaises habitudes disparaissent, mais plutôt en aidant le jeune à moins s’ennuyer. 

Ces prises alimentaires peuvent aussi répondre à l’augmentation des besoins en cette période de croissance rapide et/ou lors d’une activité physique intense. Il est donc tout à fait nécessaire d’adapter les apports à chaque âge et au niveau d’activité physique. Chez ces jeunes fragilisés par la stigmatisation, les grignotages ne sont pas forcément des comportements compulsifs, mais peuvent être la conséquence d’une restriction inadaptée exigée par les parents ou qu’ils s’infligent eux-mêmes. Il arrive alors qu’ils grignotent «en cachette » si la restriction est trop importante au repas ou au goûter.

Ces «compulsions » sont vécues avec une très grande culpabilité, aggravant une mauvaise estime de soi et engendrant la mise en place d’un véritable cercle vicieux, voire d’un comportement de binge eating disorder. L’identification des émotions permettra à l’ado de ne plus associer les compulsions (colère, tristesse, peur, culpabilité, etc.) à l’acte alimentaire et de redonner de la sérénité à l’acte de manger qui retrouvera sa dimension de plaisir.

- L’objectif est d’identifier les situations à risque et d’induire progressivement d’autres réponses aux émotions. Le parcours est parfois long et ingrat pour des jeunes impatients d’obtenir un résultat visible. Cette approche tirée des principes de l’alimentation intuitive apaise le rapport à la nourriture, permet d’améliorer l’estime de soi et évite le plus souvent le fameux « yo-yo » pondéral. Si les grignotages sont des compulsions qui sont l’expression d’un malaise général, empêcher le jeune de grignoter ne peut que renforcer son repli sur lui-même. Une aide psychologique conjointe doit lui être proposée.



Source : lequotidiendumedecin.fr