CHAPITRE 6 - DES OBJECTIFS RAISONNABLES

Publié le 17/04/2015
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› On propose un suivi médical régulier et fréquent, sans stigmatisation ni trop grand interventionnisme. L’adolescent obèse doit être amené progressivement à être responsabilisé (pour les courses, la cuisine, le choix de ses goûters, etc.) et être incité à se mettre aux fourneaux. Ainsi, sans contrôle direct des parents, et en particulier de la mère, il se sentira plus responsable. Il doit comprendre qu’il ne s’agit pas de faire plaisir à ses parents, mais que c’est pour lui qu’il s’engage.

› Les objectifs doivent être réalistes car le poids idéal est un leurre et la perte de poids non linéaire. Mieux vaut rester raisonnable dans ses ambitions pour être sûr de ne pas s’arrêter en chemin et respecter l’histoire familiale et personnelle de chacun. Le suivi doit être intégré dans une stratégie inscrite sur le long terme. Si la croissance de l'ado n’est pas achevée, le premier objectif doit être une stabilité pondérale plus qu’une perte de poids : « Grandir sans prendre de poids, c’est mincir. » Aucun poids idéal n’est annoncé, même si cette option est en contradiction avec le discours ou le souhait des parents, ou de l’adolescent lui-même. Il est parfois urgent d’attendre, d’être simplement là pour l’adolescent. Le jeune s’en trouve soulagé, même s’il dit le contraire. Dans la majorité des cas, il doit être protégé d’un amaigrissement trop rapide car, pour certains, maigrir ne signifie pas seulement perdre des kilos, mais aussi la perte de l’identité. L’obésité peut constituer une sorte de forteresse protectrice derrière laquelle le jeune s’abrite.

› La perte de poids pourra être envisagée dans un deuxième temps, quand l’adolescent se sentira prêt. Toutes ces considérations doivent être prises en compte avant la décision d’une chirurgie bariatrique qui entraîne des amaigrissements rapides et très importants (voir encadré 3). Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de molécule pharmaceutique autorisée en France susceptible de diminuer l’appétit ou d’augmenter les dépenses d’énergie. La seule molécule autorisée à partir de 15 ans est l’orlistat qui agit sur l’absorption des graisses. Elle est peu utilisée du fait des effets secondaires digestifs (diarrhées).

› Au cours du suivi, si l'évolution est favorable, on assiste, en quelques mois, à une stabilisation du poids, ce qui entraîne un infléchissement de la courbe d'IMC grâce à ces simples réajustements, sans régime strict, ni interdits. Ces résultats seront plus fréquemment obtenus dans les obésités réactionnelles à un événement (traumatisme, immobilisation, prise de médicaments, etc.) et quand la croissance n’est pas achevée. Mais même si une amélioration de la corpulence s’amorce, dans la grande majorité des cas, “guérir” ces adolescents est souvent illusoire ; ils ne sont d’ailleurs pas dupes et savent qu’ils ne seront jamais minces. Les véritables objectifs sont d’éviter l’apparition de troubles du comportement alimentaire, un “rebond” pondéral ascendant (le “yo-yo pondéral”) et, dans le temps, la survenue de complications somatiques propres à l’obésité.

› Il est possible d’adresser l’adolescent dans un centre de cure pour une période prolongée, notamment dans les cas où une séparation du milieu familial est souhaitée. Pour des raisons de scolarité ou de parcours professionnel, ces cures sont proposées avant l’âge de 16 ans. Il existe cependant quelques centres de soins-études adaptés aux plus âgés. Le succès de ces cures réside dans un suivi rigoureux lors du retour dans le milieu familial.



Source : lequotidiendumedecin.fr