Repères patient

Comprendre le « tennis leg »

Publié le 26/09/2014
Article réservé aux abonnés

Liée au défaut d’hydratation et à un entraînement inapproprié chez le sportif, le tennis leg se résout par des mesures simples le plus souvent. Aucun examen complémentaire ne s’impose de prime abord.

J’EXPLIQUE

Le « tennis leg » correspond à un spasme d'une partie du muscle souvent secondaire à un exercice violent, brutal chez un sujet mal préparé. Elle peut provenir d'une contraction réflexe qui vise à protéger le muscle à la suite d'un étirement important. Ou provenir d’une fatigue musculaire avec des désordres électrolytiques au niveau des cellules musculaires (calcium, potassium, magnésium, etc.). Chez le sportif, la contracture est généralement due à une surutilisation du muscle.

• Elle doit être distinguée de la crampe qui dure quelques heures et de l’élongation où les fibres musculaires sont lésées. La contracture aiguë peut durer plusieurs jours, 2 à 4 jours en moyenne.

• Selon la classification clinique de Rodineau qui classe les lésions musculaires en 4 stades à la phase aiguë, le «tennis leg » relève d’un niveau qui oscille entre le stade 0 et 1. Au stade 0, la douleur et la diminution de force sont modérées et les lésions musculaires sont réversibles. Au stade 1, l’atteinte musculaire se cantonne à quelques fibres mais le tissu conjonctif de soutien est respecté. La régénération des fibres musculaires et la récupération fonctionnelle se produisent en quelques jours.

• La douleur et l’impotence fonctionnelle apparaissent progressivement. L'exercice peut être poursuivi à chaud et la douleur est maximale à distance de l’exercice.

- La douleur est localisée au muscle et sa palpation permet de ressentir une zone indurée ; elle est majorée lors de l’étirement passif et à la contraction contre résistance. Il n’y a pas de point douloureux précis à la palpation ni d’encoche.

- L’impotence fonctionnelle n’est pas totale, contrairement aux claquages et aux ruptures musculaires. Le claquage correspond au stade 2 qui se définit par la désinsertion irréversible d’un contingent réduit de fibres musculaires et par une atteinte modérée du tissu de soutien. La rupture musculaire s’inscrit dans le stade 3 où la désinsertion musculaire s’associe à une atteinte sévère du tissu conjonctif de soutien ; un hématome intramusculaire est présent et le retentissement fonctionnel est sévère.

• Cette atteinte ne nécessite aucun examen complémentaire, du type ionogramme sanguin ou enzymologie musculaire. L’échographie n’est pas utile car aucune lésion ne serait décelable.
 

JE TRAITE

• Le traitement immédiat de la contracture aiguë repose sur l’application de chaleur et le bandage compressif.

- Une compresse chaude appliquée pendant 20 à 30 mn permet de soulager le spasme musculaire, voire un bain chaud (40°C selon tolérance).
- Le bandage compressif chez le sportif est différent de la contention de l’insuffisance veineuse. Ces chaussettes de compression sont spécifiques avec des niveaux de pression adaptés à la physiologie particulière des sportifs. Ce type de produit est disponible dans les boutiques spécialisées de sport.
-
 Le port de talonnettes permet de moins solliciter le triceps sural.
- Un repos de quelques jours est préconisé, ainsi que la reprise progressive de l’entraînement.

• La prise en charge des contractures chroniques, celles qui récidivent ou qui durent quelques semaines, repose sur :

- une hydratation correcte. La déshydratation durant l’effort est la 1re cause de contractures ;
- une alimentation équilibrée, qui ménage des apports variés, et qui n’exclut aucun aliment ;
- la pratique de massages décontracturants réalisée par un kinésithérapeute
- l’administration de myorelaxants PO et/ou par voie locale 
- le port de semelles ou de talonnettes.
 

J’EXPLORE

• Seule la persistance des symptômes doit faire envisager un autre diagnostic et faire recourir à des examens complémentaires. Le bilan sanguin peut devenir utile. L’échographie recherche une complication musculaire (claquage, rupture). Le Doppler explore la présence d’une malformation veineuse, voire d’une phlébite. La mesure des pressions des loges élimine un syndrome de loge (muscle ou groupe musculaire hypertrophié se trouvant « à l’étroit » dans sa loge aponévrotique inextensible.)
 

JE PRÉVIENS

• L’hydratation est la première des mesures à instaurer pour éviter les crampes. Une préparation composée de 200 ml de jus de raisins, 800 ml d’eau, 1 gr de sel est une boisson idéale pour le sportif.

• La nécessité de s’échauffer avant la pratique d’un sport. Attention, les étirements ne constituent pas un bon moyen de prévention.

 

 

Dr Linda Sitruk avec le Dr Jacques Le Coz (Institut national des sports de Paris, Inserm)

Source : Le Généraliste: 2692