ÉVALUER LE TRAUMATISME PHYSIQUE IMMÉDIAT
Dans le domaine des chutes, les traumatismes physiques sont souvent classés en trois catégories :
- les traumatismes mineurs qui se limitent à une atteinte superficielle de la peau tels que les hématomes sous-cutanés ou les excoriations de l'épiderme ;
- les traumatismes modérés correspondant à des tassements et/ou fractures vertébrales, ou des fractures de côtes ;
- les traumatismes sévères définis par les fractures fémorales, quels que soient leurs niveaux, les hématomesextra et/ou sous-duraux, les contusions et/ou hématomes cérébraux, les traumatismes crâniens et les lacérations cutanées de grande taille et/ou profondes, c’est-à-dire dépassant l’hypoderme.
Ces traumatismes physiques conduisent constamment à une hospitalisation et mettent en jeu le pronostic vital du chuteur. Ils doivent être considérés de ce fait comme un signe de gravité des chutes répétées.
-) Il convient donc de recherche des signes cliniques liés aux conséquences de la chute : douleurs aiguës à la palpation du rachis, des côtes, des membres inférieurs, une impotence fonctionnelle et/ou une déformation d’un membre inférieur, un trouble de la conscience, et/ou un traumatisme de la face, et/ou une lacération cutanée de grande taille et/ou dépassant l’hypoderme (lire page III).
-) En France, les dernières données publiées à partir des données collectées en 2004 et 2005 par l'enquête Epac (BEH 2007), ont montré que les fractures représentaient 41 % des lésions, suivies des contusions ou commotions (30 %) et des plaies (19 %). Les membres inférieurs ont été le plus fréquemment lésés (34 % des cas) majoritairement par des fractures et la tête est touchée dans 25 % des cas, essentiellement siège de plaies (58 %).
Les chutes étaient considérées comme bénignes dans 34 % des cas ; 30 % ont fait l’objet d’un traitement avec suivi et ultérieurement 37 % ont donné lieu à une hospitalisation.
LES PATHOLOGIES LIÉES À LA L’IMMOBILISATION AU SOL
La durée de séjour au sol est aussi un marqueur de gravité car un séjour prolongé expose à de multiples complications telles que la rhabdomyolyse, l'hypothermie, les escarres et les pneumopathies d’inhalation entre autres.
-) La rhabdomyolyse désigne la destruction de cellules musculaires.
Dans le cas d'une chute avec séjour prolongé au sol, elle est due à un traumatisme musculaire par écrasement. En cas de rhabdomyolyse massive, la destruction des cellules musculaires libère dans le sang du potassium pouvant entraîner des troubles durythme cardiaque voire l'arrêt cardiaque, des enzymes musculaires, en particulier la créatine phosphokinase CPK (un dosage de créatine phophoskinase supérieur à 5 000 UI/l est le témoin d'une rhabdomyolyse massive, le taux de CPK normal étant compris entre 25 et 190 UI/l) et de la myoglobine qui peuvent entraîner une insuffisance rénale aiguë.
-) L'hypothermie peut aussi être la conséquence d’une chute avec séjour prolongé au sol.
Dans ce cas, elle résulte d'une exposition prolongée à une ambiance froide chez une personne ne pouvant pas se relever, seule et isolée. Chez les êtres humains, la température interne normale est de 37 °C. On parle d'hypothermie lorsque la température centrale est inférieure à 35 °C en dist inguant différents niveaux de sévérité, le risque de complications et de décès étant corrélé à la sévérité de l'hypothermie (modérée de 35 à 34 °C ; moyenne de 34 à 32 °C; grave de 32 à 25 °C; majeure en dessous de 25 °C).
LE SYNDROME « POST-CHUTE » OU DE DÉSADAPTATION PSYCHOMOTRICE
Le syndrome post-chute ou de désadaptation psychomotrice (SDPM) est une complication fonctionnelle aiguë des chutes à l'origine d'une incapacité motrice et/ou cognitive totale ou partielle. Il s'agit d'une urgence gériatrique car tout retard dans son diagnostic et sa prise en charge peut entraîner une cascade pathologique souvent dramatique pour la personne âgée.
Ce syndrome associe plus ou moins une hypertonie extrapyramidale ou oppositionnelle le plus souvent axiale, une abolition voire une absence des réflexes de posture, un syndrome dysexécutif.
NOTION DE TERRAIN À RISQUE DE CONSÉQUENCES GRAVES
Trois situations à risque de conséquences traumatiques graves doivent être individualisées chez la personne faisant des chutes répétées :
- rechercher une augmentation récente de la fréquence des chutes, la répétition de la chute augmentant le risque de complication ;
- évaluer le risque de fracture, et notamment celle du col fémoral.
- pour les personnes recevant des médicaments anticoagulants oraux de type antivitamine K (AVK), évaluer la possibilité de complications hémorragiques traumatiques. Les AVK sont responsables de complications hémorragiques majeures telles que les hémorragies intracrâniennes et intra-articulaires.
Un INR supérieur à 3,5 était associé à un risque de complications hémorragiques multiplié par quatre comparé à un INR inférieur ou égal à 3,5.
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