Le Groupe infectiologie dermatologique et infections sexuellement transmissibles (GR/IDIST) de la Société française de dermatologie (SFD) publie un avertissement sur la prise en charge de la pédiculose du cuir chevelu en 2019 en France. Ces experts préviennent en préambule que les traitements anti-poux sont devenus un marché commercial important, échappant à l’évaluation thérapeutique sérieuse, qu’il s’agisse de la multitude de produits disponibles (en pharmacie ou non) ou de centres privés dédiés aux traitements des poux. En attendant la finalisation prochaine d'une revue systématique des traitements anti-poux qui permettra de hiérarchiser en partie les choix thérapeutiques, le groupe d'experts dermatologues fait un premier tri sur les options de traitement.
→ Il existe un véritable « fardeau » de la pédiculose du cuir chevelu justifiant une prise en charge efficace : prurit, impétigo, cauchemars, phobie, absentéisme scolaire/professionnel, coût, état épidémique avec ré-infestation fréquente dans les lieux de vie des sujets atteints (crèches, écoles …).
→ Seuls les sujets véritablement infestés (poux vivants) doivent être traités, idéalement simultanément (famille, classe, …).
→ Parmi les stratégies médicamenteuses, les insecticides ont acquis le statut de médicament antiparasitaire ayant une AMM, mais ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale dans cette indication. Le malathion a été retiré du marché en 2018 au vu de ses risques. Les pyrèthres sont disponibles, mais associés à une possible résistance.
→ La diméthicone, jugée comme « écologique » tout comme les huiles essentielles, est considérée comme un dispositif médical et non comme un médicament, et relève donc d’une moindre exigence réglementaire. L’efficacité de ces produits est souvent inférieure à celle des insecticides (dans les essais contrôlés randomisés) ou mal démontrée et les risques mal évalués ou peu connus.
→ Le « Bug Busting » ou élentage répété après la mise en place d’un démêlant est une technique de référence en Angleterre. Son efficacité est corrélée à la répétition quotidienne pendant plusieurs jours. Une source de chaleur y est parfois associée.
→ L’ivermectine per os à double dose a fait l’objet d’un essai contrôlé randomisé montrant une efficacité supérieure au malathion lotion, mais n’a pas l’AMM dans cette indication. Son utilisation doit être exceptionnelle, à réserver uniquement aux cas de résistances avérées. L’ivermectine locale n’a pas l’AMM pour le traitement anti-poux (contrairement aux USA) et son usage intempestif pourrait favoriser la résistance.
→ Concernant les galéniques, les lotions doivent être privilégiées et les shampoings abandonnés, tandis que les sprays sont contre-indiqués en cas d’asthme ou de bronchiolite.
→ Alors que choisir ? Dans l'attente de recommandations, pour l’instant, l’absence de comparaison directe entre les produits et dispositifs, le statut différent des produits, la résistance aux pyrèthres, l’absence d’AMM pour l’ivermectine per os et le risque d’émergence de résistance après l’utilisation trop importante d’ivermectine locale, compliquent le choix thérapeutique...
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