E2. Dépression et tabac : les nouveautés

Publié le 10/01/2014
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- Après 5 ans de surveillance renforcée de la varenicline aucun signal inquiétant n’est venu de la pharmacovigilance française (ANSM), britannique (Nice), européenne (EMA), ou américaine (FDA) qui vienne relayer un rapport de causalité entre dépression ou suicide et l’arrêt complet du tabac varénicline malgré les plaidoiries de nombreux avocats aux états-Unis et du déchainement des tabloïdes. Aucun essai randomisé n’a établi de lien causal entre prise de varénicline et dépression ou suicide. Des essais récents ont montré la bonne tolérance et l’efficacité de la varénicline chez les patients avec comorbidité. Il apparait maintenant de plus en plus clairement que le tabagisme est une cause de dépression et que 3 mois après l’arrêt les critères de dépression régressent. L’arrêt du tabac devient indiqué comme traitement de la dépression.

- La plus importante cohorte d’arrêt du tabac en pratique de routine a été publiée en 2013 par Thomas dans le BMJ. Les auteurs rappellent en préambule que le taux de suicides effectifs est de 9,4/100 000 parmi les 5,4 millions de patients de la base de données CPRD qui a été la base de l’étude alors qu’il est trois fois plus fort (27,4/100 000) dans le groupe des 120 000 fumeurs étudiés. Lors de l’arrêt, les auteurs montrent que le taux de suicide a tendance à diminuer avec le traitement par varénicline (258/100 000) ou par bupropion (247/100 000) comparé à la seule substitution nicotinique (359/100 000). Thomas montre également que le taux de fumeurs en cours d’arrêt nécessitant un traitement d’une dépression est significativement moins grands avec le traitement par varénicline (RR=0,69) ou par bupropion (RR=0,56) comparé à la seule substitution nicotinique (RR=1= référence).

- Fait nouveau, jamais montré auparavant (dans des études manquant de puissance), Thomas montre une baisse très significative de la mortalité attestée sur les registres nationaux britanniques de décès avec la varénicline (RR=1 à 0,29 après ajustement) et une tendance identique avec le bupropion (RR=1 à 0,32 après ajustement (NS) comparé à ceux traités uniquement avec substituts nicotiniques.


Source : lequotidiendumedecin.fr