Les femmes enceintes sont inscrites sur la liste des populations à risque de complications lors d’infection par le virus de la grippe A (1). En effet, l’incidence et la gravité de la grippe A (H1N1)v augmentent avec le terme de la grossesse (2), que ce soit pour la future mère (problèmes respiratoires par diminution de la capacité respiratoire, surinfections accrues en raison de la baisse des défenses immunitaires) que pour le fœtus (risque d’accouchement prématuré multiplié par 4). La prévention de la grippe A et la prise en charge de la femme enceinte dans le cadre de la pandémie grippale évolue dans un cadre précis (3).
L’objectif du suivi régulier de la femme enceinte pendant la période de pandémie est de s’assurer du respect des règles d’hygiène universelle (lavage des mains,…), de traiter le plus tôt possible les femmes infectées et de protéger le nouveau-né d’une éventuellement contamination à la naissance.
Si la femme enceinte exerce une profession médicale, il est recommandé de s’assurer qu’elle est affectée à un poste où elle n’aura pas nécessité de prendre en charge des personnes grippées ou suspectées de l’être.
En cette période de pandémie, il n’est pas souhaitable d’autoriser le report d’une partie du congé prénatal en période post-natale (2).
SUSPICION D’UN CAS DE GRIPPE A DANS L’ENTOURAGE FAMILIAL
-› En l’absence de vaccination complète de la femme enceinte, la mise sous traitement antiviral prophylactique - Oseltamivir (Tamiflu®) à la dose de 75 mg par jour soit une gélule par jour pendant 10 jours (à ce jour) - est recommandée, quel que soit le trimestre de la grossesse et la présence ou non de facteurs de risque (encadré E1).
-› Le prélèvement du cas index doit être discuté pour permettre l’arrêt du traitement s’il s’avère négatif.
Ce traitement n’a pas d’intérêt chez la femme correctement vaccinée contre le virus A(H1N1)v. De même si le contact avec la personne malade date de plus de 48 heures. Dans ce dernier cas, la femme enceinte sera informée de la nécessité de consulter rapidement en cas de signes de grippe afin qu’un traitement antiviral soit éventuellement instauré.
SUSPICION DE GRIPPE A CHEZ LA FEMME ENCEINTE
L’apparition d’un syndrome grippal, c’est-à-dire d’un syndrome respiratoire aigu de survenue brutale associant des signes généraux (fièvre › 38°C ou courbatures ou asthénie) et des signes respiratoires (toux ou dyspnée), doit entrainer chez toute femme enceinte une consultation hospitalière dédiée avec prise en charge obstétricale concomitante. Un des buts de cette consultation est d’éliminer une infection virale aiguë (listériose, pyélonéphrite) pouvant simuler une grippe.
Au cours de cette consultation, sont réalisés un prélèvement nasal pour recherche virologique H1N1si possible et la mise sous traitement antiviral curatif (oseltamivir (Tamiflu®) 75 mg ? 2 par jour (2 gélules/jour) pendant 5 jours), quelque soit le trimestre de la grossesse et la présence ou non de facteurs de risque de gravité.
Ce traitement sera entrepris même si le prélèvement nasal s’avère impossible à réaliser.
Il n’a généralement plus d’intérêt si la mise en route est effectuée plus de 48 heures après le début des symptômes. Néanmoins, il peut être justifié en cas de forme avec signes de gravité de débuter ce traitement même au-delà des 48 heures, après avis spécialisé (2). Il sera arrêté si le résultat du prélèvement est négatif.
Les contacts rapprochés de la patiente doivent être orientés vers un médecin généraliste.
L’épisode grippal passé, la surveillance de la grossesse sera identique à celle des femmes non grippées.
QUI ET QUAND HOSPITALISER
Il est conseillé d’hospitaliser toute femme enceinte présentant un syndrome fébrile associé à des signes respiratoires dans un service de maternité, en pneumologie ou en réanimation en présence de signe(s) de gravité maternels tels que :
- Troubles de la vigilance, désorientation, confusion ;
- Pression artérielle systolique inférieure à 90 mm Hg ;
- Hypothermie (température inférieure à 35°C) ;
- Hyperthermie ne répondant pas aux antipyrétiques ;
- Fréquence respiratoire supérieure à 30/min ;
- Fréquence cardiaque supérieure à 120/mn et/ou présence d’un facteur additionnel de risque de grippe grave, ou suspicion de surinfection bactérienne respiratoire haute ou basse, ou doute sur un autre diagnostic associé.
LA VACCINATION
La vaccination est particulièrement recommandée chez la femme enceinte d’autant que la grossesse est un facteur de risque de formes graves et de décès (4).
Le HCSP recommande donc de proposer, dans la mesure du possible, aux femmes enceintes à partir du 2ème trimestre de la grossesse, le vaccin fragsans adjuvant (5). Cette recommandation n’est pas liée à la mise en évidence d’effet indésirable dû au vaccin avec adjuvant, mais au fait que les essais cliniques effectués avec ce type de vaccin n’ont pas fourni de données concernant les femmes enceintes.
Pour les femmes enceintes au premier trimestre de grossesse, le HCSP indique que les données disponibles ne montrent pas de surrisque par rapport à la population générale. La vaccination n’est donc recommandée qu’en cas de présence d’autres facteurs de risque de complications. Un vaccin sans adjuvant sera alors utilisé et en cas d’indisponibilité de celui-ci, le HCSP recommande de reporter la vaccination au second semestre. Si un risque particulier amène le médecin à proposer la vaccination sans attendre le vaccin sans adjuvant, il sera utile de remettre un courrier à la femme concernée précisant le terme de la grossesse et les facteurs de risque autres que cette grossesse. Ce courrier sera remis par la personne au médecin vaccinateur de l’établissement de santé (pour les femmes travaillant en établissement de santé) ou du centre de vaccination.
Par contre, dans les mêmes conditions de vaccination urgente et de non disponibilité du vaccin sans adjuvant, le HCSP recommande d’utiliser un vaccin avec adjuvant pour les femmes enceintes à partir du 2ème trimestre de grossesse.
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