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Gare au valproate chez les femmes !

Publié le 05/06/2015
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En raison du risque tératogène inhérent aux spécialités à base de valproate et dérivés, l’ANSM vient d’annoncer un renforcement des conditions de prescription et de délivrance de ces médicaments en population féminine. Sont concernées les spécialités Dépakine®, Micropakine® (indiqués dans le traitement de l’épilepsie partielle ou généralisée chez l’adulte et l’enfant) et Dépakote® et Dépamide® (indiquées dans le traitement des épisodes maniaques du trouble bipolaire) ainsi que leurs génériques.

› Désormais, ces spécialités font l’objet de restriction d’indication et « ne doivent pas être prescrites chez les filles, les adolescentes, les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes, sauf en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives médicamenteuses ». Si elles sont indispensables, la prescription initiale est réservée aux spécialistes (neurologue, psychiatre ou pédiatre) et requiert l’information et l’accord écrit préalables de la patiente. Le renouvellement peut être effectué par tout médecin mais une réévaluation annuelle par le spécialiste est requise. Ces dispositions s’accompagnent de recommandations de contraception, les patientes en âge de procréer devant « impérativement utiliser une contraception efficace pendant le traitement ».

› Ces mesures prennent effet dès à présent pour toute initiation de traitement et au plus tard le 31 décembre 2015 pour les patientes en cours de traitement. Les femmes ne doivent pas arrêter leur traitement brutalement, sans consulter au préalable leur médecin. En cas de grossesse, les patientes sous valproate doivent consulter « en urgence ».

› L’annonce de l’ANSM fait suite à la réévaluation du rapport bénéfice risque engagées par l’Europe fin 2013, suite à la publication de nouveaux éléments précisant les risques tératogènes sous valproate. Alors que le surrisque de malformation (de l’ordre de 10 %,) est connu depuis 1986, ces nouvelles données montrent que les enfants exposés in utero présentent également un risque élevé de troubles neuro-développementaux graves pouvant concerner 30 à 40 % d’entre eux. Avec notamment un risque d’autisme et de troubles apparentés ; des retards dans l’acquisition de la marche et/ou de la parole, des difficultés d’élocution et de langage, des troubles de la mémoire et des capacités intellectuelles diminuées.

Compte tenu de ces éléments, l’EMA a revu les conditions de prescription et de délivrance de ces médicaments, tout en réaffirmant la nécessité de les maintenir à disposition des patientes « en raison de leur caractère indispensable en cas d’intolérance ou d’échec aux autres traitements disponibles ».

› La Société française de neurologie avait déjà balisé le terrain en recommandant en première intention la lamotrigine (au même titre que le valproate) pour les épilepsies généralisées tonico-cloniques, les épilepsies absences et les crises myocloniques et en incitant à la privilégier chez la femme en âge de procréer. Pour les épilepsies focalisées « la carbamazépine, la lamotrigine, le lévétiracetam et l’oxcarbazépine sont recommandés en première intention ».

Pour les troubles bipolaires, le valproate était déjà réservé au traitement des épisodes maniaques en cas de contre-indication ou d'intolérance au lithium.

1- ANSM. Point d'information, 26/05/2015.

2- SFN. « Prise en charge d’une première crise d’épilepsie de l’adulte ».

Bénédicte Gatin, fmc@legeneraliste.fr

Source : lequotidiendumedecin.fr