Michel, âgé de 18 ans, est vu en consultation pour une douleur très importante et permanente de la hanche induisant une impotence fonctionnelle quasi-totale. Cette symptomatologie a débuté il y a 48 heures, suite à une course-poursuite dans une rue de la capitale. L’examen clinique retrouve une douleur provoquée à la palpation de la fosse iliaque droite de manière diffuse et une flexion limitée de la hanche. La douleur est de type mécanique, survenant essentiellement lors de la mobilisation de sa hanche. Le reste de l’examen clinique se révèle normal.
Un scanner pelvien est demandé du fait de cette impotence fonctionnelle dans un contexte d’effort physique intense. Cet examen révèle un hématome de la partie distale du muscle ilio-psoas (cliché 1, flèche bleue) avec une infiltration de la graisse sous-péritonéale droite. L’hématome est le témoin de la rupture du muscle ilio-psoas à l’origine de cette symptomatologie chez Michel.
INTRODUCTION
L’hématome du muscle ilio-psoas est peu fréquent. La prévalence des hématomes du psoas est comprise entre 0,1 et 0,6 % des patients consultés. Ils sont secondaires à différentes étiologies :
• un problème de la crase sanguine (surdosage en anticoagulant ou hémophilie) qui majore souvent le problème hémorragique,
• un traumatisme qui peut être minime,
• le recours à certaines thérapeutiques (corticoïdes, fluoroquinolones),
• la survenue de certaines pathologies néoplasiques métastatiques.
On peut dans certains cas, chez des patients recevant une anticoagulation notamment, observer un hématome du psoas qui fait suite à des efforts de toux ou de vomissement (même chez des patients correctement anticoagulés).
Des ruptures spontanées sont décrites : chez des personnes âgées, et le plus souvent de sexe féminin. Bien entendu, chez les personnes de plus de 60 ans, l’athérosclérose est un facteur qui peut majorer les risques d’hématome. L’importance du problème hémorragique de ce muscle s’explique par le fait qu’il soit épais, mais aussi du fait de sa mobilité qui peut majorer le saignement.
SYMPTÔMES ET DIAGNOSTIC
→ La symptomatologie est caractérisée par des douleurs au niveau de la cuisse, la hanche et l’aine, qui sont fréquemment progressives. Une limitation des mouvements de la hanche est souvent associée.
À noter qu’un hématome de moyenne abondance peut être responsable d’une compression du nerf fémoral, très proche. Ce phénomène est d’autant plus fréquent que les capacités d’évacuation spontanée d’un hématome dans cette zone restent très limitées.
Ainsi, parfois, en cas d’hématome important, on note dès l’apparition de cet épanchement une compression du nerf fémoral qui se traduit par une hypoesthésie de la région suprapatellaire.
→ D’un point de vue diagnostique, afin d’objectiver l’hématome du muscle ilio-psoas, plusieurs examens paracliniques sont recommandés :
■ L’échographie permet d’objectiver le volume de l’épanchement. De plus, cet examen identifie une augmentation de volume du muscle ilio-psoas.
■ Le scanner ou l’IRM identifient de manière précise l’hématome, et peuvent le quantifier mais aussi identifier sa cause.
■ Le bilan biologique peut révéler l’existence d’une anémie microcytaire qui témoigne d’une déperdition sanguine le plus souvent récente.
TRAITEMENT
La prise en charge est chirurgicale en cas d'atteinte du nerf fémoral. L’hématome est évacué afin d’éliminer la compression du nerf. Cette évacuation peut être effectuée par drainage percutané, en s’assurant au préalable de l’absence de troubles de la crase sanguine. Dans le cas où la prise en charge est retardée ou en cas d’absence de prise en compte, les conséquences neurologiques peuvent être définitives.
Dans le cas de Michel, un traitement antalgique symptomatique est administré car le volume de l’hématome permet sa résolution sans qu’une intervention chirurgicale soit nécessaire. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’un hématome du muscle ilio-psoas survenant chez des patients âgés génère un taux de mortalité important (avoisinant les 30 %) du fait d'une hémorragie secondaire, cette situation étant souvent majorée par un diagnostic souvent tardif.
Bibliographie
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