Un récent travail de recherche en médecine générale sur la couverture vaccinale contre le virus de l’hépatite B, récemment publié dans Médecine (1), confirme que les parents deviennent réceptifs à cette vaccination et que la confiance revient à mesure que l’on s’éloigne de la polémique sur le risque présumé d’affections démyélinisantes post-vaccinales de la fin des années 90. En parallèle, les médecins vaccinent plus facilement les nourrissons, notamment grâce à l’existence du vaccin hexavalent. C’est ainsi qu’en France, le taux de vaccination serait passé de 29 % chez les nourrissons en 2004 à 42 % en 2007.
-› L’étude, qualitative et réalisée entre février et juin 2010 à Saint-Étienne auprès de 12 parents et 11 médecins a cherché à analyser les représentations de ce vaccin et les attitudes adoptées.
-› Concernant les médecins, quatre types de comportements ont été identifiés :
- Sthénique (le médecin propose systématiquement la vaccination et tente de persuader) ;
- Asthénique (il informe systématiquement mais reste passif en cas de refus) ;
- Dépressif (il démissionne par lassitude) ;
- Opposant (il refuse la vaccination par choix délibéré : celle-ci devrait être ciblée).
Convaincus du bienfait et de l’innocuité des vaccinations (a fortiori chez le nourrisson), les médecins sthéniques proposent toujours les vaccins hexavalents au cours des 2 premières années de vie des nourrissons. Ils rencontrent peu de difficultés à vacciner et selon eux, c’est toujours la vaccination contre l’hépatite B qui oppose des résistances. Les médecins asthéniques reconnaissent être moins persuasifs que pour les autres vaccinations ; ils ne s’opposent pas à un refus des parents. Les dépressifs, lassés des refus et fatalistes, ont cessé de proposer systématiquement la vaccination. Les opposants campent sur les positions et doutent. L’argument le plus souvent utilisé par les médecins est celui de l’obligation qui est faite aux professionnels de santé de se vacciner contre l’hépatite B. Les recommandations actuelles du Haut Comité de Santé Publique étant clairement en faveur d’une vaccination généralisée.
-› Les parents ne semblent plus marqués par l’influence de la polémique et la plupart s’en remettent volontiers au conseil de leur médecin. Une minorité reste très ancrée dans la rumeur et donc très réfractaire au vaccin. La majorité des parents sont demandeurs d’informations sur les bénéfices/risques individuels. Beaucoup disent peu connaître l’hépatite B mais avoir en revanche une idée très précise de la sclérose en plaques. Tous manifestent leur absence totale d’intérêt exprimé par le bénéfice collectif de la vaccination. Certains estiment que l’hépatite B constitue un risque lointain pour leur enfant, à l’opposé du risque vaccinal supposé immédiat, et donc qu’elle pourra s’envisager plus tard.
-› Aux auteurs de convenir qu’il est difficile pour les médecins d’affronter les rumeurs et d’avoir une relation avec leur patient fondée sur un modèle délibératif. Ce serait pourtant indispensable pour percevoir les craintes des patients, leurs besoins d’informations afin de leur apporter les réponses nécessaires. Notamment au regard du risque de l’hépatite B.
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