Dermatologie

La cicatrisation normale

Par
Publié le 21/06/2019
Article réservé aux abonnés

En cas de plaie aiguë, la cicatrisation évolue en étapes successives. Ce processus peut être perturbé par une comorbidité, des carences alimentaires, une infection…

RP

RP
Crédit photo : GARO/PHANIE

J’EXPLIQUE

Suite à une plaie aiguë, la cicatrisation se fait suivant trois grandes étapes successives : vasculaire et inflammatoire pendant laquelle se crée le caillot ; la réparation dermique et épidermique finalisée par l’épithélisation ; enfin la phase de remodelage et de maturation.

• Chaque étape est caractérisée par la succession d’événements cellulaires, inflammatoires, immunologiques… Un exemple : sitôt après la plaie commence l’hémostase plaquettaire avec la constitution d’un caillot et l’afflux de cellules inflammatoires sous l’effet de cytokines.

• Les étapes correspondent à des durées différentes. Ainsi, la formation de tissu de granulation en phase de réparation tissulaire dure 10 à 15 jours. La contraction de la plaie s’achève en principe vers le 21e jour. La dernière étape de remodelage et de maturation est la plus longue et dure plusieurs mois.

• Tout au long de la cicatrisation, de nombreuses familles de cellules interviennent à des temps précis des processus : les cellules sanguines (activation plaquettaire et des polynucléaires neutrophiles et des monocytes), les cellules endothéliales (provenant des capillaires proches de la plaie, formation d’un réseau vasculaire), les fibroblastes (migration et prolifération), les kératinocytes (colonisation secondaire de l’épiderme).

J’INFORME

• Le caillot initial sert à recruter des cellules inflammatoires qui vont assurer la détersion de la plaie et limiter les risques d’infection.

• Les phénomènes de remodelage matriciel permettent de recruter des cellules nécessaires à la réparation tissulaire et de créer une interaction dynamique entre les facteurs de croissance et les fibroblastes pour contrôler la cinétique de la cicatrisation.

• La réépithélialisation, pendant l’étape de réparation tissulaire, se fait en plusieurs phases : la migration des cellules épithéliales, la multiplication et la différentiation. Lorsque la plaie est fermée par une monocouche de kératinocytes, ceux-ci arrêtent leur migration et se différencient.

• Lors de la phase de maturation, le tissu de granulation se raréfie en fibroblastes, une structure collagénique plus dense apparaît tandis que le réseau vasculaire s’organise.

J’ALERTE

• Des anomalies de la cicatrisation peuvent survenir :

– Le retard à la cicatrisation ou plaie chronique. Le cas le plus connu est l’ulcère veineux où les fibroblastes peinent à se multiplier.

– L’altération ou cicatrice rétractile survient le plus souvent après des brûlures profondes avec des conséquences fonctionnelles importantes si elles se situent sur des zones de mobilité articulaire.

– Excès du processus par chéloïde ou par cicatrice hypertrophique. Les chéloïdes sont des pseudo-tumeurs intradermiques extensives et évolutives après 6 mois. Elles sont liées à une activité fibroblastique intense. Elles sont plus fréquentes chez les sujets à peau noire ou en association a une acné conglobata ou à des réactions à corps étrangers. Les cicatrices hypertrophiques sont, quant à elles, limitées à la plaie et régressent spontanément.

JE PRÉVIENS

•  Chez le sujet âgé, la cicatrisation est lente, mais avec des résultats esthétiques plus satisfaisants et une cicatrice moins visible que chez le jeune. La synthèse de collagène est moins intense mais le collagène est mieux organisé.

• La prolifération de la flore microbienne en surface ne gêne pas la cicatrisation. En revanche, l’infection franche avec fièvre, érythème et présence de pus retarde la cicatrisation.

• Le stress peut également intervenir en retardant la cicatrisation du fait d’une modification de la sécrétion des facteurs de croissance et d’une plus grande vulnérabilité à l’infection.

• La qualité de la cicatrisation dépend des comorbidités et de certains traitements. La dénutrition protéique, le tabagisme, les carences vitaminiques ou estrogéniques peuvent retentir sur différents aspects de la cicatrisation.

• Il peut être nécessaire d’intervenir au cours du processus cicatriciel. La “cicatrisation dirigée” consiste à aider à la détersion, au bourgeonnement et à l’épidermisation.

• Une plaie cicatrisée évolue pendant 6 à 18 mois. Une photoprotection est nécessaire pour éviter une pigmentation.

• Pour améliorer l’aspect esthétique de la cicatrice, appliquer une crème à la vitamine E deux fois pas jour.

JE RENVOIE SUR LE NET

www.ameli.fr


Source : Le Généraliste: 2877