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L’ANEVRISME AORTIQUE, TOUJOURS GRAVE …. ET SEXISTE

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Publié le 27/11/2015
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Les anévrismes et les dissections sont les principales pathologies de l’aorte qui, lorsqu’elles sont symptomatiques ou rompues, constituent une urgence vitale grevée d’une létalité lourde. La dernière édition du BEH publie une étude qui évalue les taux de patients hospitalisés et les taux de mortalité par AAA (rompus et sans mention de rupture) et dissection aortique (DA), ainsi que la létalité hospitalière, et qui en décrit les évolutions entre 2000 et 2013.


Du point de vue épidémiologique, en 2013, 11 651 personnes (hommes : 83%, femmes : 17%) ont été hospitalisées pour AAA sans mention de rupture (73,6 %), AAA rompus (9,5 %) ou DA (16,9 %). Le taux de patients hospitalisés a un peu baissé entre 2002 et 2013 pour les AAA sans rupture et a diminué de plus de 20 % pour les AAA rompus. En revanche, le taux de patients hospitalisés pour DA a augmenté sur cette période, particulièrement chez les femmes (+25 %). La létalité hospitalière était de 2,9 % pour les AAA non rompus. Mais, sans grande surprise, la mortalité grimpe à un niveau de plus de 45 % en cas de rupture anévrismale et approche les  25% en cas de dissections.

Pour autant, l’évolution au fil des ans révèle un recul global de la mortalité. Entre 2000 et 2011, ce taux pour les AAA non rompus a diminué de 52 % chez les hommes et de 33,3 % chez les femmes. En cas de rupture, la létalité est passée 52,3 % à 46,2 % respectivement et pour les dissections, la diminution a été de 26,3 % chez les hommes et de 20 % chez les femmes.

La responsabilité du tabac, surtout, et de l’HTA est clairement démontrée. La baisse des hospitalisations pour anévrysmes non rompus coïncidant avec la baisse de la prévalence des fumeurs quotidiens rapportée entre 2000 et 2005 chez les hommes. En parallèle, on a aussi observé une baisse de prévalence de l’HTA et son meilleur contrôle. Chez la femme, en revanche, l’augmentation de 25 % des hospitalisations pour anévrysmes non rompus chez les 55-64 ans pourrait être liée à l’augmentation de la prévalence des fumeuses entre 2005 et 2014. Et le recul du traitement hormonal substitutif de la ménopause depuis 2003 pourrait avoir participé à cette augmentation, un lien entre AAA et baisse du taux d’œstradiol ayant été avancé.

Cette étude révèle aussi que cette pathologie souffre d’une différence de traitement par genre.  Là où le traitement par voie endovasculaire - moins invasif et moins létal - a été privilégié par rapport à la chirurgie ouverte en l’absence de rupture (42,8 % vs 38,6 %), cette approche a été moins souvent pratiquée chez les femmes pour des raisons de diamètre artériel plus petit chez celle-ci. De même, l’indication chirurgicale fixée à 5 cm sur les standards masculins ne tient pas compte de la physiologie artérielle féminine. Du coup, les femmes sont en réalité opérées à des stades plus évolués.

En conclusion, cette étude rappelle la nécessité de se conformer aux recommandations de la HAS qui préconisent un dépistage opportuniste unique et ciblé des AAA chez les hommes entre 65 et 75 ans avec un tabagisme chronique actuel ou passé, ou âgés de 50 à 75 ans en cas d’antécédents familiaux d’AAA. Au vu de ce BEH, cette réserve masculine risque de ne plus faire long feu

Dr Linda Sitruk

Source : Le Généraliste: 2738