Qu’ils soient réalisés à la demande du patient ou à l’occasion de la souscription d’une police d’assurance, quel médecin n’a pas eu dans sa patientèle une demande de « check-up » ? Avatar des avancées technologiques médicales du milieu du siècle dernier, le « bilan de santé » s’adresse par nature à des patients adultes asymptomatiques et en bonne santé. Sont-ils de bons outils de dépistage et sources de réduction de la mortalité et de la morbidité en population générale ? La dernière revue de la littérature publiée dans le dernier numéro d’octobre de la Cochrane Library a évalué les bénéfices et les dangers des bilans de santé de routine et ses conclusions sont formelles : ces « check-up » ne réduisent pas la morbi-mortalité globale des populations étudiées, ni même celles relatives aux pathologies cardio-vasculaires ou cancéreuses détectées par ces examens (1).
› Seize études ont été analysées, les résultats en ayant été méticuleusement compilés. Neuf études apportaient des renseignements sur la mortalité totale de plus de 150?000 sujets suivis sur 9 ans en moyenne. Match nul, le groupe de ceux qui se soumettaient à un bilan avait la même mortalité que les autres (risque ratio à 0,99). Concernant la mortalité cardio-vasculaire, huit autres études sur 150 000 participants ont conclu à un risque ratio de 1,03. Idem pour la mortalité par cancer : un risque ratio de 1,01 pour un suivi de 140 000 issus de huit autres études.
Cette revue Cochrane s’est intéressée aux seuls travaux randomisés dont le bilan de santé portait sur l’examen de plusieurs organes. Les travaux qui concernaient des populations âgées de plus de
65 ans ont été exclus de l’analyse. Les patients étaient tous asymptomatiques et le bilan qui leur était prescrit ne portait pas sur l’exploration de facteurs de risque ou de pathologies dont ils auraient été porteurs. La nature des bilans variait selon les études mais globalement il s’agissait de combinaison de tests tels que des questionnaires sur des facteurs de risque, des examens cliniques, des bilans biologiques sanguins et/ou d’imagerie, des examens de selles et des tests d’évaluations des facteurs de risque cardio-vasculaires.
› Un éditorial qui accompagne l’étude insiste sur la validité scientifique de ses résultats. Mais les signataires, tous deux canadiens, pointent deux aspects susceptibles de tempérer les conclusions. La première critique le suivi des patients, notamment le nombre important de perdus de vue, et le fait que très peu d’études aient été menées en aveugle (et pour cause !). Du coup, des éléments de suivi autres que les hospitalisations ou les décès auraient pu être identifiés et devenir générateurs de biais d’interprétation. La seconde question porte sur les dates auxquelles les travaux d’analyse ont été débutés, les premiers l’ont été en 1980 et le dernier en 1992. Dans l’intervalle, les méthodes de dépistage ont pu évoluer et du coup leur performance aussi. Mais compte tenu des méthodes cliniques ou techniques utilisées dans les différents check-up, il semble que seul le risque cardio-vasculaire ait pu être mésestimé.
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