J'EXPLIQUE
› L'éjaculation précoce est définie par un rapport qui dure moins d'une minute après la pénétration du fait d'une éjaculation. Cette éjaculation précoce peut être primaire (dès les premiers rapports) ou secondaire après une période d'activité sexuelle durant laquelle les rapports duraient plus longtemps.
› Dans le trouble primaire, la cause est souvent l'anxiété et un mauvais contrôle de l'excitation du fait de l'inexpérience. Les premières expériences de masturbation chez les jeunes gens qui craignent de se faire surprendre, vont aussi avoir tendance à provoquer l'éjaculation le plus vite possible. Dans leur vie d'adulte, ce schéma risque de se reproduire systématiquement.
› Dans l'éjaculation précoce secondaire, le traumatisme d'une mauvaise expérience sexuelle (humiliation, commentaires désobligeants...) peut affecter l'estime de soi d'un homme et favoriser l'éjaculation précoce lors des rapports ultérieurs. D'autres facteurs déclenchants sont liés à des causes de nature médicale (prostatite chronique, syndrome douloureux pelvien, hyperthyroïdie, dysfonction érectile, diabète, alcoolisme, traumatisme médullaire...).
› Cette symptomatologie n'est pas liée à un mauvais contrôle de l'éjaculation car elle est déclenchée par un réflexe qui part de la moelle épinière et ne peut donc pas être contrôlé. Elle est plutôt liée à un mauvais contrôle de l'excitation d'une partie du cerveau qui commande l'éjaculation par la stimulation du gland et de fantasmes éventuels associés au rapport sexuel (cf schéma). Parfois il existe aussi une hypersensibilité du gland d'origine congénitale qui favorise la survenue de l'éjaculation précoce. Une mauvaise maîtrise des muscles pelviens, le stress, la fatigue, la culpabilité chez l'homme ou une relation conflictuelle avec la (ou le) partenaire peuvent aussi être à l'origine du trouble. Certains médicaments peuvent altérer la qualité des relations sexuelles comme certains anti-hypertenseurs ou psychotropes,
› Ce n’est pas un symptôme pathologique en soi. En effet, il représente une des modalités du rapport sexuel avec une (ou un) partenaire que la civilisation a permis de prolonger pour faire durer le plaisir, au-delà de sa fonction de procréation. En fait les primates, auxquels nous appartenons, ont habituellement des rapports sexuels très rapides de l'ordre d'une à deux minutes car l'acte sexuel rend les partenaires vulnérables aux prédateurs et qu'il est préférable pour leur survie de ne pas le prolonger.
JE PRESCRIS
› Un bilan étiologique de l'éjaculation précoce si des stigmates ou des données de l'interrogatoire orientent vers une cause organique : prostatite chronique, syndrome douloureux pelvien, hyperthyroïdie, dysfonction érectile, diabète, alcoolisme, traumatisme médullaire...
› Une évaluation de la dynamique du couple pour ouvrir sur le contexte psychoaffectif de ce symptôme en observant les interactions entre les deux partenaires et posant des questions sur leur histoire de couple et leur mode de fonctionnement.
› Une consultation chez un sexologue ou un urologue pratiquant une médecine sexuelle, le cas échéant.
› Des conseils et des exercices à pratiquer seul ou à deux (contrôle respiration, stop and go durant le rapport, squeezing, masturbation avant rapport ou plusieurs rapports successifs...)
› Un traitement médicamenteux de l'éjaculation précoce (dapoxétine) après contrôle de la tension (risque de malaises et d'hypotension orthostatique). Il s'agit d'un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS), molécule impliquée dans le mécanisme de l'excitation sexuelle, qui multiplierait par deux ou trois la durée du rapport avant éjaculation. Elle n'est pas indiquée comme antidépresseur, compte tenu de sa courte durée d'action.
J'ALERTE
› Le traitement médicamenteux ne doit pas faire l'économie d'une prise en charge plus globale du symptôme que constitue l'éjaculation précoce, en particulier comportementale et celle psychologique du couple.
› La survenue de malaises suite à la prise de la dapoxétine doit faire reconsidérer ce traitement médicamenteux. Il existe aussi parfois des effets secondaires liés à cette classe thérapeutique comme des migraines et des nausées.
JE RENVOIE SUR LE WEB
Site de la revue médicale suisse : http://titan.medhyg.ch/mh/formation/article.php3?sid=33046
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