En pratique de soins primaires, l'infection à Chlamydia trachomatis est souvent de diagnostic tardif du fait de signes cliniques peu spécifiques. Elle est pourtant relativement fréquente
avec une prévalence de 3 % dans la population générale et à l'origine de graves complications type salpingite, infertilité et grossesses extra-utérines (GEU). Une étude présentée au dernier congrès de la Médecine Générale à Nice par le Dr Stéphanie Grandcolin montre que cette infection n'est pas asymptomatique mais paucisymptomatique avec quelques signes cliniques à rechercher pour faire un diagnostic précoce de cette infection sexuellement transmissible (IST) (1).
UNE ÉTUDE PROSPECTIVE
Cette étude a été menée chez 131 femmes consultant au centre d'orthogénie, du planning familial de Poitiers (Vienne, 86) pour demande d'interruption volontaire de grossesse (IVG) entre octobre 2010 et juin 2011.
L'objectif principal de cette étude est de faire la relation entre la présence de signes fonctionnels en pratique de soins primaires et le diagnostic d'infection à Chlamydia trachomatis.
› Les symptômes retenus sont la présence de leucorrhées, de signes fonctionnels urinaires, de douleurs abdominales et d'une dyspareunie. Un prélèvement au niveau de l'endocol a été réalisé chez ces 131 femmes à la recherche de Chlamydia trachomatis. Cette étude prospective avait aussi pour objectifs secondaires d'évaluer la prévalence de l'infection dans ces femmes et de décrire cette population.
RÉSULTATS
› La prévalence de l'infection à Chlamydia trachomatis chez les femmes étudiées était de 17,6 %.
52,2 % des femmes infectées avaient le même partenaire depuis plus d'un an. Parmi les femmes infectées, 70 % d'entre elles avaient moins de 25 ans.
› 70 % de ces femmes infectées avaient au moins un signe fonctionnel présent contre 34 % pour les femmes non infectées.
› Chez les femmes infectées, 39 % présentaient des leucorrhées, 35 % des signes urinaires fonctionnels et 35 % des douleurs abdominales. Seules 9 % d'entre elles présentaient une dyspareunie.
› C'est l'association de leucorrhées et de douleurs abdominales qui témoigne d'une infection chez 22 % de ces femmes.
› Les associations leucorrhées-signes fonctionnels urinaires et signes fonctionnels urinaires-douleurs abdominales témoignent toutes les deux d'une infection chez 17 % de ces femmes. En présence de trois signes fonctionnels, la prévalence de l'infection était de 100 %.
› Aucune différence statistiquement significative n'a été retrouvée chez ces femmes entre termes de gestité/parité, de niveau d'étude, de nationalité et de durée de relation avec leur partenaire.
CONCLUSION
Les taux de prévalence d'infection à C. trachomatis sont plus élevés chez les femmes symptomatiques dans le groupe étudié. Il existe cependant des biais de recrutement pour cette étude car ces femmes voulaient réaliser une IVG. Certains signes fonctionnels peuvent donc être liés à la grossesse en cours. Il s'agit aussi de femmes jeunes, célibataires et, le plus souvent, étrangères. La prévalence est la plus forte avant 25 ans, ce qui pose la question de l'intérêt du dépistage après 25 ans voire 30 ans. L'hypothèse de départ sur la paucisymptomatologie des femmes infectées est donc vérifiée pour trois des symptômes fonctionnels (leucorrhées, signes fonctionnels urinaires, douleurs abdominales), l'expression clinique est insidieuse avec des symptômes peu spécifiques et il n'existe pas de plainte spontanée vis-à-vis de ces symptômes de la part de ces patientes. C'est donc au médecin de rechercher à l'interrogatoire ces trois signes fonctionnels et, s'ils sont présents, de savoir proposer un test de dépistage pour le C. trachomatis.
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