La communication médecin-patient ne serait pas soluble dans l’alcool. Selon un récent travail de recherche en soins primaires, publié dans la revue Médecine de février 2011 (1), l’alcool n’apparaît pas en soi comme un facteur de rupture de confiance entre le patient et son médecin généraliste. Le dépistage et la prise en charge des patients en souffrance avec l’alcool sont considérés comme un devoir et les médecins revendiquent leur position de premier recours dans la prise en charge globale des problèmes liés à l’alcool.
Cette étude qualitative, menée auprès de 85 médecins généralistes français exerçant en libéral, a cherché à analyser la perception des généralistes lorsqu’ils abordent le facteur de risque « alcool » et la manière dont ils prennent en charge ce problème, les difficultés et les obstacles rencontrés.
-› Pas de gêne à parler d’alcool pour 70 % des soignants. Lorsqu’il existe un embarras, il n’est pas lié à l’âge, ni au sexe ni à l’existence d’une formation préalable, ni même aux représentations propres des médecins à propos de l’alcool. 93 % pratiquent la prévention et l’information sur les problèmes d’alcool et 88 % le dépistage ; la moitié d’entre eux s’aident d’examens biologiques, 22 % questionnent leurs patients sur le sujet en l’absence de signes d’appel et seuls 4 % s’aident des questionnaires de repérage des mésusages (AUDIT, FACE,etc.).
-› Plus de la moitié des médecins prennent en charge eux-mêmes les mésusages d’alcool plutôt que de les orienter vers un confrère spécialisé dans cette prise en charge, même si la majeure partie des médecins estime qu’ils ne sont pas bien préparés pour répondre à leur attente. L’écoute de ces patients serait améliorée par des formations itératives. Toutefois, 65% des soignants s’estiment dépassés en cas de polyconsommations.
-› Les difficultés ressenties sont le manque de compliance des patients (64 %), le taux élevé de rechutes (60 %), l’insuffisance ou l’inadéquation de la rémunération par rapport au temps pesse (48 %). Mais aussi les délais trop longs pour obtenir un rendez-vous avec un alcoologue, le déni et la résignation des patients, les résultats insuffisants et le manque d’efficacité des traitements médicamenteux. Parmi les obstacles identifiés, les médecins citent les patients eux-mêmes quand ils minimisent leur consommation, le manque de temps en consultation de médecine générale, le fait que le motif de consultation ne soit pas l’alcool, parce que découvrir un problème d’alcool débouche sur une incertitude décisionnelle.
-› Aux auteurs de l’étude de conclure que l’impression globalement positive des médecins généralistes face à l’alcool, reflétée par ce travail, mérite d’autres enquêtes avec des échantillons représentatifs.
1- Groppi M, Geiger S, Lafortune J. Parler d’alcool avec son patient en médecine générale, simple ou gênant ? Médecine. Février 2011. Vol.7. N°2. Pp 83-86.
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