En France, au début de l’été dernier, le CIRC [Centre international de recherche sur le cancer, agence spécialisée de l'OMS basée à Lyon) alertait sur les risques de cancers – de gliomes en particulier – liés aux effets des champs magnétiques de radiofréquence, tels que ceux qui sont émis par les appareils de communication sans fil. On connaissait aussi les symptômes de céphalées ou de fatigue rapportés par les patients. Et en 2006 déjà, on avait identifié les méfaits musculo-squelettiques de la rédaction de SMS sur la première articulation carpo-métacarpienne. Très récemment, c’est aux conséquences de l’usage du mobile sur la santé mentale des jeunes adultes qu’une étude prospective de cohorte menée par une équipe suédoise s’est intéressée (1).
Ainsi, l’étude a suivi sur un an 4 156 adultes âgés de 24 à 30 ans. Ils ont tous été soumis à un même questionnaire au début et à la fin de l’étude. Les variables examinées comprenaient la fréquence des appels et des SMS mais aussi des critères plus qualitatifs tels que les exigences de disponibilité inhérentes à la téléphonie mobile, au vécu stressant ou non de cette disponibilité permanente, à la possibilité d’être réveillé en pleine nuit voire à l’usage immodéré du portable.
Plus de la moitié des participants avaient réussi des études secondaires, la moitié des hommes interrogés travaillaient contre seulement 41% des femmes. Un peu plus de la moitié des participants étaient considérés comme faibles usagers, à savoir une consommation qui n’excédait pas plus de 5 sollicitations par jour.
Les critères retenus pour évaluer le retentissement sur la santé mentale ont été le niveau de stress quotidien, les troubles du sommeil et l’existence de symptômes de dépression.
Comparés à la majorité des « faibles » consommateurs de téléphonie mobile, ceux de « haut niveau » (plus de 10, voire 20 appels ou SMS par jour) avaient un risque plus élevé d’être stressés, de mal dormir ou de présenter des symptômes de dépression, qu’ils soient de sexe, masculin ou féminin. Notons qu’au début de l’étude, les femmes se plaignaient deux fois plus souvent de stress que les hommes au (29% versus 16%). Environ 20% des hommes et près d’une femme sur trois évoquaient des troubles du sommeil ; des symptômes dépressifs étaient notés dans la même proportion.
En excluant de l’analyse ces sujets présentant ces perturbations au début de l’enquête, il se révèle que l’usage intensif du portable à 1 an de suivi était associé chez les hommes à des perturbations du sommeil ainsi qu’à des symptômes dépressifs, et chez les femmes des manifestations de dépression uniquement.
Les jeunes adultes qui vivaient comme particulièrement stressant le fait d’être hyperdisponibles présentaient au terme de l’étude et de manière significative la panoplie des symptômes (insomnies, stress, troubles dépressifs).
Aux auteurs de conclure qu’indiscutablement l’usage fréquent du téléphone mobile engendre des troubles mentaux. Même les jeunes doivent apprendre à raccrocher !
1- Thomée et al.: Mobile phone use and stress, sleep disturbances, and symptoms of depression among young adults - a prospective cohort study. BMC Public Health 2011 11:66. http://dx.doi.org/10.1186/1471-2458-11-66
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