J'EXPLIQUE
› La toux est un phénomène naturel de défense de l'organisme visant à éliminer les mucosités ou les particules inhalées et à protéger l'arbre trachéobronchique. Lors d'une agression broncho-pulmonaire virale ou bactérienne, les sécrétions produites par la muqueuse stimulent des mécanorécepteurs, déclenchant un arc réflexe aboutissant à la toux, avec contraction des muscles respiratoires et du diaphragme. L'écoulement nasal postérieur en cas d'infection ORL produit le même résultat, la toux ayant pour but d'empêcher le passage des sécrétions nasales dans les voies respiratoires basses.
› La toux peut aussi être une réponse réflexe à une irritation de la muqueuse des voies respiratoires hautes ou basses. En cas d'infection des voies aériennes, la stimulation de chémorécepteurs, via la production de médiateurs de l'inflammation, déclenche le phénomène de toux. D’autres stimuli peuvent faire tousser : fumée de tabac, changements de température, médicaments, reflux gastro-œsophagien, asthme…
› Les récepteurs sont présents surtout au niveau de la trachée et des grosses bronches, du pharyngo-larynx, de l'oreille, mais on en trouve aussi au niveau du diaphragme, de la plèvre, du péricarde.
Les voies de conduction font intervenir notamment le nerf vague (Xe paire crânienne). Au niveau cérébral, les centres de la toux sont situés dans le tronc cérébral, mais ils sont mal connus.
› Ainsi, si l'on se limite au contexte de la toux d'origine infectieuse, celle-ci peut provenir non seulement d'une atteinte infectieuse directe de l'arbre trachéo-bronchique (bronchite, pneumonie), mais aussi d'une infection nasopharyngée, laryngée ou sinusienne, associée ou non à une infection basse. Dans les deux cas, la physiopathologie fait intervenir des stimuli physiques et/ou chimiques qui sont in fine responsables de la mise en jeu du réflexe de toux. Selon les situations, la toux est irritative ou productive. Par définition, une toux aiguë dure moins de 3 semaines.
JE PRESCRIS
› Le premier traitement de la toux est celui de la cause. En cas de congestion nasale, le lavage pluriquotidien des fosses nasales avec du sérum salé permet de débarrasser le nez des mucosités qui l'encombrent et de réduire le phénomène de jetage postérieur.
› Le plus souvent, l'atteinte étant d'origine virale, les antibiotiques sont inutiles. Ils ne se justifient qu'en cas de suspicion d'atteinte bactérienne (pneumonie) et ils ne raccourcissent pas la durée de la toux.
› Les antitussifs sont réservés au traitement des toux sèches gênantes interférant avec le sommeil ou les activités, et ne doivent pas être utilisés en cas de toux grasse. Ils agissent en réduisant le réflexe de toux. Si la toux est productive, un mucolytique peut être prescrit.
› La kinésithérapie de drainage bronchique est utile dans certains cas de toux très productive.
› En l’absence de signes de gravité ou cliniques évoquant une pneumonie, la radiographie thoracique n'est pas indiquée en présence d'une toux aiguë d’origine supposée infectieuse. Le cliché thoracique se justifie si la toux persiste et devient chronique b (plus de 3 semaines).
JE CONSEILLE
› Respecter une toux grasse et dans ce cas, proscrire les antitussifs, qui gênent l'évacuation des sécrétions.
› Éviter la fumée de tabac et plus généralement, les endroits enfumés et les irritants (aérosols). Aérer souvent le logement.
› Si la toux perturbe le sommeil, surélever la tête.
› L'humidification de l'air de la chambre peut contribuer à réduire l'irritation des voies respiratoires.
› Et ne pas oublier, toujours se couvrir la bouche lors des épisodes de toux, en toussant dans un mouchoir, dans le creux de son coude ou dans ses mains afin d'éviter de contaminer l'entourage ; se laver les mains ensuite.
J'ALERTE
› Consulter en cas d'essoufflement, de cyanose, de difficultés respiratoires, ou si la toux se prolonge ou s'accompagne de malaises.
› Indépendamment de tout épisode infectieux, ne pas banaliser une toux matinale en cas de tabagisme. Consulter si la toux se modifie.
› En cas d'épisode infectieux respiratoire survenant sur un terrain de maladie respiratoire pré-existante (asthme, BPCO), rester attentif aux signes de décompensation spécifiques à chaque pathologie et consulter le cas échéant.
› Attention au risque de somnolence lié à l'emploi des anti-tussifs.
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