La biologie médicale en émoi

Un décret sur les conditions d’exercice fait des vagues

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Publié le 05/10/2015
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Le décret sur la biologie paru au « Journal officiel » du 18 septembre est pour la profession une déconvenue. Personne n’y retrouve la trace des concertations préalables.

Plusieurs syndicats représentant les biologistes médicaux hospitaliers, libéraux et les internes, viennent d’adresser une lettre de protestation à la ministre de la Santé Marisol Touraine. En cause principalement : leur représentation au sein de la nouvelle commission nationale de biologie médicale (CNBM) qui donnera des avis sur les décisions régissant la discipline et les autorisations d’exercice des non titulaires du DES de la discipline.

Dans cette commission en effet, seule est citée la Fédération nationale des syndicats de praticiens biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires (FNSPBHU), laissant à l’écart une grande partie des biologistes libéraux ou salariés. « La rédaction actuelle entraîne une rupture d’égalité entre nos organisations professionnelles », déplorent les signataires. « Toutes les organisations professionnelles hospitalières et libérales doivent être présentes pour juger de la compétence d’un futur pair », font valoir les biologistes.

D’autres critiques fusent. « Il n’est pas normal que le président et le vice-président de la CNBM soient des PU-PH », ajoute le Dr Claude Cohen, du syndicat national des médecins biologistes (SNMB).

Distinction entre deux filières médecine/pharmacie

Le Syndicat des biologistes (SDB) et la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale (FNSIP-BM) dénoncent de leur côté une remise en cause de la profession de biologiste médical telle qu’elle avait été définie et unifiée dans la réforme de 2013. Ils s’insurgent en particulier contre la listes d’actes (prélèvements, sondage vésical, tubage gastrique ou duodénal, ponction de moelle osseuse et artérielle) que les pharmaciens biologistes ne pourront effectuer que sur prescription médicale. « Cela réintroduit une distinction entre pharmaciens et médecins alors que la loi de 2013 instaure un statut commun », regrette la présidente de la FNSIP-BM Eugénie Duroyon. Pour la même raison (division entre deux filières distinctes), les internes et le SDB déplorent que le décret oblige les internes en pharmacie à ne remplacer que des pharmaciens biologistes.

Le SDB menace d’attaquer le texte devant les juridictions administratives s’il n’est pas modifé rapidement. Les internes n’excluent pas des mouvements de grève.

Coline Garré

Source : Le Quotidien du Médecin: 9438