La nouvelle a provoqué une pétition mise en ligne par quatre conseillers départementaux de l'Oise, réclamant de conserver un médecin Smur à Noyon. En raison de la pénurie de médecins urgentistes, le Centre hospitalier intercommunal Compiègne-Noyon (CHICN) a en effet décidé de mettre en place un Smur « paramédicalisé ». Selon l'établissement, plus de 50 % des postes médicaux seraient vacants dans l’équipe unique pour les deux sites de Compiègne et Noyon.
Cette réorganisation « priorise l’activation d’une équipe paramédicale (un infirmier et un ambulancier, NDLR) dédiée et formée aux protocoles d’intervention sans la présence d’un médecin », assume la direction. Sauf que cette équipe paramédicale « n’existe pas pour l’instant à Noyon », objectent les élus qui redoutent in fine la disparition de médecin Smur sur le site.
Conforter l’offre de soins
Afin de rassurer la population, la direction souligne que cette équipe paramédicale sera toujours sous la supervision directe d’un médecin régulateur du Samu 60. D'autre part, un praticien senior et un interne seront présents « 24 h/24 et 7 jours/7 toute l’année » au sein du service des urgences de Noyon (18 000 passages par an).
Le dispositif aurait vocation à conforter l’offre de soins locale qui souffrait de « l’instabilité des plannings médicaux sur le site de Noyon ». Jusqu’à présent, les lignes de Smur du CHICN fonctionnaient « de manière discontinue, faute de médecins en nombre suffisant », ce qui « dégarnit le plateau lourd de Compiègne et le site de Noyon alternativement ou concomitamment », ajoute la direction.
Une organisation « largement déployée à l’étranger »
L’hôpital rappelle aussi que les modalités d’intervention sont « graduées selon le besoin du patient et le degré d’urgence sous couvert de protocoles établis par les professionnels selon des recommandations nationales éprouvées ». La mission Braun proposait d'ailleurs d’autoriser temporairement une équipe paramédicale de médecine d’urgence (EPMU). En l'absence de médecin urgentiste sur un territoire Smur, « il peut être temporairement acceptable que l’équipe d’intervention hospitalière ne soit composée que d’un ambulancier et d’un IDE dans une logique d’adaptation pragmatique », expliquait le rapport.
La direction du CHICN assure enfin que ce type d’organisation paramédicale, « déjà largement déployée à l’étranger », est en voie d'extension au-delà des territoires en difficulté. Le dispositif est expérimenté à Toulouse et dans les Pays de la Loire. Cela signifie que « toutes les sorties en Smur ne font pas systématiquement l’objet d’un accompagnement médical si cela n’est pas nécessaire ».
Une « évolution » de la médecine d'urgence
Jointe ce vendredi par « Le Quotidien », la Dr Laurence Deltour, présidente de la CME du CH intercommunal Compiègne-Noyon, replace dans son contexte la création de cette équipe paramédicale de médecine d'urgence et ne veut pas parler de prise en charge dégradée. « On respecte complètement la philosophie de la mission Braun et on se donne quelques semaines pour finaliser cette formation, explique-t-elle. Nos cadres de santé sont chargés de gérer leur équipe pour que ce système puisse être mis en place le plus rapidement possible. » « C'est une évolution du système de santé et de la médecine d'urgence, assume-t-elle aussi. À partir d'une difficulté de démographie, il y a une réflexion qui s'opère en faisant évoluer le métier d'urgentiste et d'infirmière dans un service d'urgence. »
Ce que l’on sait du vol de données de santé de plus de 750 000 patients d’un établissement francilien
L’Igas veut inciter tous les hôpitaux à déployer des actions de prévention primaire
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens