Hôpitaux : un indice vert pour des achats plus responsables

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Publié le 26/10/2023
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L’indice vert de la centrale d’achats de l’hospitalisation privée et publique (CAHPP) se veut à la fois un référentiel qui met la pression sur les fournisseurs et une boussole incitative à l’achat durable pour ses établissements clients.

Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Le système de soins français représente plus de 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (soit près de 50 millions de tonnes équivalent CO2). L’impact de l’offre de soins constitue environ 45 % de cette empreinte carbone, tandis que les médicaments et dispositifs médicaux engendrent les 55 % restants. Le secteur sanitaire et médicosocial doit donc prendre toute sa part dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 5 % par an jusqu’en 2050.

Selon Isabelle Hamelin, directrice des relations publiques au sein de la centrale d’achats de l’hospitalisation privée et publique (CAHPP), qui publie son indice vert, « la responsabilité sociétale des entreprises n’est plus une option, elle doit faire partie de l’ADN avec un effet ricochet sur les salariés ». Fournisseurs et prestataires du secteur de l'hospitalisation sont priés de faire des efforts mesurables. De fait, pour Laurie Marrauld, responsable santé du Shift Project, « les prescripteurs, les acheteurs sont d’abord au sein des établissements. »

D’où l’intérêt d'un label structurant pour accélérer les progrès. C’est ce à quoi s’attache la centrale d’achats CAHPP avec son indice vert annuel mis en place depuis 2012. « Il s’agit d’un outil d’aide à la décision pour les acheteurs des établissements de santé, ce qui est un facilitateur pour faire des choix durables éclairés », cadre Isabelle Hamelin. Les fournisseurs de la centrale sont principalement des fabricants de dispositifs médicaux (30 %) et des laboratoires pharmaceutiques (23 %). 

Durcissement

En 2023, davantage de fournisseurs et prestataires adhérents (exactement 366 contre 309 un an plus tôt) ont répondu aux questions déclaratives portant sur les axes de développement durable identifiés. « Mais nous avons beaucoup durci le référentiel avec des questions plus compliquées », confie Isabelle Hamelin. Résultat, on constate un peu moins de notes  A++ (14% des répondants), c'est-à-dire le meilleur label, mais davantage de A+ (17 %), de A (13 %) et de B (20 %). La classification C, qui concerne 10 % des répondants, est attribuée aux adhérents n’ayant pas terminé leur démarche. Enfin, 131 fournisseurs (soit 26 %) n’ont pas répondu au questionnaire et n'ont pas été évalués. « Nous souhaitons pour 2025 que 100 % des prestataires soient répondants, la Haute Autorité de santé pose de plus en plus de contraintes liées au développement durable et aux achats responsables », insiste Isabelle Hamelin.

Pas à pas, les pratiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises) progressent dans le secteur de l'hospitalisation. Selon Jean-François Capozzi, responsable des certifications CAHPP, « l’effet cliquet est naturel, les prestataires font preuve de bonnes pratiques à tous les niveaux avec de fortes avancées sociales, sociétales, environnementales. » Il constate par exemple une montée des exigences normatives en matière de qualité de vie au travail chez les fournisseurs, mais aussi dans d'autres domaines. « Les démarches environnementale et énergie circulaire sont vraiment mises en avant via les matériaux réutilisables avec une orientation forte sur les émissions de CO2. On ne voyait pas ces sujets avant. »

Acheter vert, acheter cher ?

Pour autant, acheter vert signifie-t-il forcément acheter plus cher, à l’heure où les établissements cherchent à mutualiser leurs investissements pour réaliser des économies ? Cela n’est pas forcément vrai, répond Christophe Sadoine, PDG de CAHPP. Par exemple, les masques produits en France n’ont coûté qu'un centime d’euro supplémentaire par unité. « Notre rôle est aussi d’inciter les établissements à acheter ces produits, en leur disant que ce n’est pas beaucoup plus cher », explique-t-il. 

Le verdissement des pratiques passe aussi par les nouvelles technologies. Exemple avec certains gaz anesthésiants, qui ne sortent pas en continu, mais uniquement pendant l’inspiration du patient, illustre le PDG. En termes de volumes, il faudrait aussi optimiser l’achat de médicaments : « Ce n’est pas parce que nos adhérents vont acheter moins qu’on va se tirer une balle dans le pied ».


Source : Le Quotidien du médecin