« Il faut libérer la parole, l’hôpital est devenu violent », martèle le Dr Nicole Smolski, présidente honoraire d’APH qui a lancé une grande enquête nationale destinée à tous les médecins et pharmaciens hospitaliers. Et qui a tout particulièrement intéressé les femmes qui ont répondu majoritairement (61 %). Signe révélateur d’une radioscopie de la vie des praticiens hospitaliers qui pour certains ont encore du mal à intégrer qu’ils ont une vie de famille. Premier constat, les femmes praticiens hospitaliers travaillent autant que les hommes, voire plus avec toujours un énorme décalage en ce qui concerne la répartition des tâches domestiques et ménagères à la maison ou encore le partage de la garde des enfants. Une situation que l’on rencontre toujours chez les jeunes femmes médecins et pharmaciens qui d’ailleurs utilisent leur repos de sécurité pour s’occuper des enfants et de la maison (62 %) alors que leurs conjoints vont se consacrer à des tâches hospitalières ou universitaires ou endosser des responsabilités institutionnelles (52 % pour les hommes, 34 % pour les femmes). Renoncement personnel, autocensure… les femmes reconnaissent que les contraintes familiales pèsent plus sur leurs épaules et qu’elles ont souvent modifié leurs parcours professionnel pour raison d’ordre privé contrairement aux hommes. « En plus, elles se sentent souvent coupables d’avoir jugé leur carrière professionnelle très importante notamment vis-à-vis des enfants, ce qui n’est plus acceptable aujourd’hui », déplore le Dr Lamia Kerdjana représentante de Jeunes Médecins. A l’heure où tout le monde, même dans le carcan hospitalier s’accorde sur la parité homme/femme, combien sont encore discriminées pendant et après leur grossesse ? Une sur trois. Plus terrible encore, trois femmes sur quatre pensent qu’elles auraient fait une autre carrière si elles étaient du sexe opposé. Encore 6 % des jeunes femmes ne prennent pas leur congé maternité et une sur deux n’arrête pas le travail au troisième mois, comme le prévoit pourtant la loi. Et une sur deux renonce à la formation continue par obligation familiale. Ces quelques chiffres n’ont pas mis le point sur la prévalence du harcèlement mais lèvent le voile sur l’omerta et l’impunité qui perdurent dans les établissements.
Parité, égalité en un combat douteux
Puisse cette alarme donner des pistes pour changer la vie des femmes à l’hôpital. Parmi les principales attentes, l’amélioration de la qualité de vie entre sphère familiale et vie professionnelle devance l’augmentation des rémunérations. Les femmes souhaitent pouvoir moduler leur carrière sans conséquence pour celle-ci, pouvoir aménager leur temps de travail, obtenir des postes à responsabilité (sans subir de sexisme…), avoir accès aux crêches hospitalières…
Reste encore beaucoup à faire pour changer la représentation de la femme à l’hôpital qui reflète encore trop la représentation sociétale des rôles hommes/femmes et des enjeux de pouvoir dans notre société.
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