Projets d'investissement et développement durable

Le ministère veut des hôpitaux plus verts et plus sobres

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Publié le 14/10/2022
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Le conseil scientifique de l’investissement en santé (Csis) et la DGOS (ministère) publient un guide méthodologique pour accompagner pas à pas les établissements sur les enjeux de développement durable et de RSE.

Crédit photo : stoubon

« Nous sommes l'une des premières structures de l’État à avoir inclus, dès le départ, le développement durable et la responsabilité sociétale des établissements (RSE) dans nos objectifs d’accompagnement des hôpitaux », se félicite le Pr François-René Pruvot, président du conseil scientifique de l’investissement en santé (Csis). Avec le ministère de la Santé, cette instance vient de publier un guide pour aiguiller les établissements de santé et médico-sociaux dans leurs projets sur ces enjeux de performance et sobriété énergétique, transition écologique ou encore diminution de l’empreinte carbone.

Le défi est de taille. « Le secteur de la santé contribue à peu près à 5 % des émissions de gaz à effet de serre », précise l’ancien président de la CME du CHU de Lille, ajoutant que « les hôpitaux fonctionnent 24h/24 ». D’où l’importance, explique le chirurgien, d’amorcer aujourd’hui cette transition énergétique et écologique qui se construit « sur le très long terme ». L'objectif est en effet de concevoir des projets soutenables à un horizon lointain. « Ce qui est parfois coûteux initialement peut générer des économies sur 30 ans, notamment en termes de coût de fonctionnement », avance le président du Csis qui plaide pour un changement de paradigme.

Au-delà de l'enjeu économique

Jusqu’à présent, les enjeux économiques étaient « la pierre angulaire d’une décision d’investissement », confirme Camille Devroedt, conseillère experte du développement durable du CSIS. Demain, tous les projets des établissements intégreront « les enjeux sociaux et environnementaux », insiste la spécialiste. Il faudra en tenir compte pour construire le scénario immobilier (diminution de l'empreinte carbone, sobriété énergétique) mais aussi dans les conditions de prise en charge des patients et d'exercice des professionnels (enjeux sociaux, qualité de vie au travail, écoconception des soins, etc.).

Concrètement, grâce à une grille méthodologique, les établissements seront guidés durant les trois principales étapes du projet (avec des items indispensables, souhaitables et complémentaires). La première phase consiste à faire un état des lieux de l’existant (diagnostic du site et du bâti, préexistence d’une démarche de développement durable, dynamique territoriale, opportunités et contraintes) et à définir les orientations du projet médical de territoire. Viendra ensuite l’étape du pré-programme (faisabilité et soutenabilité du projet). « On rentre dans le cœur du sujet : les choix urbanistiques, le schéma directeur immobilier, les organisations fonctionnelles, la gestion des énergies et des déchets, l’accessibilité du site, les parcours patients… », précise Camille Devroedt. Enfin, la dernière étape fera la synthèse du processus.

Professionnels engagés

Le CSIS rappelle qu’il n’est pas une instance de régulation, de labellisation ou de certification. Il ne pourra pas contraindre les établissements à suivre les étapes du projet mais il les « invite fortement » à utiliser cette boîte à outils et à appliquer ses recos. Tout projet devra par exemple avoir un volet écoresponsable, avec des objectifs de réduction de l'empreinte carbone. Les hôpitaux  sont invités à faire ce bilan carbone et cet audit énergétique pour démarrer sur « des bases solides ».

Pour changer de braquet, le CSIS mise sur la bonne volonté des établissements et des équipes de professionnels. Un nombre croissant d’entre eux ont conscience que « leurs activités génèrent des nuisances et contribuent à la dégradation de l’environnement », observe Camille Devroedt. Preuve en est, les hospitaliers sont de plus en plus nombreux à se former à des DU dans le domaine de la santé environnementale ou du développement durable en santé. L’experte en déduit qu’il y a une « une réelle volonté du secteur de remettre au cœur du système de santé les enjeux de soins et de prévention qui incluent celle de la préservation de l’environnement »

Julien Moschetti

Source : Le Quotidien du médecin