C’est dans une véritable course contre la montre que s’est lancée la filière des industriels des ventilateurs invasifs et non-invasifs (les industriels prévoyant de doubler la production de dispositifs médicaux).
Depuis le déclenchement de la crise liée au Covid-19 en Chine, les services de réanimation du monde entier sont sur la brèche, en quête d'équipement manquant. "La demande mondiale dépasse largement la capacité de production”, concède Vincent Camus, dirigeant de GE Healthcare France et membre du Syndicat national de l’industrie des technologie médicales (SNITEM).
Le spectre de la saturation
Avant la pandémie, la France était équipée d'un peu plus de 5 000 lits de réanimation. Ce qui, selon les projections, ne serait pas suffisant si la situation épidémique venait à dégénérer comme en Italie. Aussi, les fabricants (Philips, Löwenstein, GE Healthcare, Resmed, Dräger...) mettent aujourd'hui tout en œuvre pour augmenter significativement leur production de respirateurs.
Depuis le début de la semaine, l’Allemand Löwenstein, dont l’usine se trouve à Hambourg, a déjà doublé sa production. “Les demandes ne viennent pas seulement de France, mais aussi d’Italie et d’Iran qui l’un des plus importants foyers mondiaux. Le pays nous a passé 10 000 commandes”, confie Christophe Hentze, directeur général de Löwensteïn en France. Parce que les composants de ses machines sont tous fabriqués en Allemagne, les délais de livraison dans l’Hexagone seront de 72 heures maximum, affirme l’entreprise.
En outre, parce que les standards des machines destinés aux patients les moins complexes demeurent très élevés, tout en étant plus rapides à usiner, la société se prépare à livrer aux hôpitaux des versions "améliorées" de celles d’ordinaire destinées au domicile. “La crise justifie un repositionnement de ces produits qui peuvent convenir aux patients les moins atteints par une insuffisance respiratoire”, affirme l’industriel.
Chez GE Healthcare, dont l’usine américaine prévoit également de doubler sa production, les délais se compteront davantage en semaines en raison de la distance d’acheminement. Dräger, dont l’usine se trouve en Allemagne, a reçu une commande exceptionnelle de 10 000 appareils, soit une année de production, tous destinés au gouvernement fédéral ! Quant aux industriels fabricant leur dispositifs médicaux en Asie, aucun n’a été en mesure de répondre au "Quotidien".
Recensement des ventilateurs et solidarité nationale
Face à cette adversité, la fédération des prestataires de santé à domicile (FPSAD) proposé son aide au ministère de la Santé. Elle a demandé à ses adhérents de recenser leurs stocks de ventilateurs mobilisables au bénéfice de l’hôpital afin que le ministère puisse orienter les besoins vers les établissements en tension.
“Notre première mission est d’aider l’hôpital au maximum", justifie Charles-Henri des Villettes, président de cette fédération et directeur de l'activité santé à domicile du groupe Air Liquide. “Nos personnels sont notamment composés de professionnels de santé prêts à aider les établissements en cas de besoin. Certains font partie de la réserve sanitaire”, précise pour sa part Armand Pastorel, le président fondateur de SOS Oxygène, une autre société de prestation de santé à domicile.
Fin des visites de routine
“Dans les conditions actuelles, il n’est plus question de marché ou de concurrence mais de solidarité nationale”, juge Vincent Bastide, le directeur général de Bastide Médical, qui emploie quelque 2300 personnes en France. Une démarche que les prestataires ont engagé “avec le souci d’être toujours présent pour les patients que nous appareillons”, précise aussi Patrice Rixein, le président d’Adiral Assistance, une société alsacienne prestataire dans le domaine, notamment respiratoire.
En outre, les prestataires de santé à domicile ont, dans le cadre des restrictions de déplacement, décidé de supprimer les visites de routine pour privilégier les transferts prioritaires. “Notre engagement, précise Charles-Henri des Villettes, est également de nous tenir prêts à opérer au transfert de patients de l’hôpital vers leur domicile, afin que l’hôpital soit concentré sur les cas les plus critiques.”
À ce jour, quelque 1,5 million de patients chroniques sont suivis à leur domicile.
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