Après l’annulation de l’épreuve de LCA

Le président des doyens appelle à réformer les ECN

Publié le 18/07/2011
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Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN – Pour la première fois depuis la création des ECN en 2004, une épreuve a été annulée. Vous êtes resté très discret. Pourquoi ?

Pr PATRICE DETEIX – Les doyens ont assumé leurs responsabilités. Dès qu’ils ont appris ce qu’il s’était passé, leur préoccupation a été d’aider les étudiants. Les doyens ont organisé des épreuves d’entraînement de lecture critique, le transport en autocar des étudiants vers les centres d’examen. Ils ont aussi demandé des dispenses de stages pour les candidats externes et internes. Un élément n’est pas résolu : le remboursement des frais engagés par les étudiants. Les doyens vont transmettre au ministère de la Santé la totalité des demandes de défraiement des étudiants. J’espère qu’une solution pourra être trouvée afin que les étudiants n’en soient pas de leur poche pour l’achat de billets d’avion à l’étranger, par exemple.

Faut-il réformer les ECN ?

C’est la septième année que les ECN étaient organisées dans 7 centres d’examen et c’est la première fois qu’un problème se pose. Malheureusement, le sujet de secours n’a pas fonctionné. Les ECN sont un examen de tous les dangers ; depuis le choix des questions, les libellés, l’organisation des épreuves dans les différentes salles… Oui, il faut réformer les ECN mais cette mauvaise expérience ne doit pas être un argument pour dire qu’elles ne valent rien. Les étudiants tiennent aux ECN. On peut discuter de les organiser au niveau national ou interrégional. La commission pédagogique nationale des études de santé réfléchit à une évolution des ECN. Nous voudrions que les étudiants puissent passer cet examen dans leur faculté, sous haute surveillance, avec des moyens informatiques qui permettraient d’avoir de bien meilleures épreuves. Les informations seraient délivrées à l’étudiant au fur et à mesure qu’il avance dans son cas clinique. Ce serait mieux que de donner un livret à l’étudiant où tout est visible à l’avance.

Ces nouvelles modalités peuvent-elles être mises en place rapidement ?

En deux ou trois ans. Cette année, il y a déjà une avancée avec la suppression de l’amphithéâtre de garnison. Chaque étudiant choisira son poste d’internat par Internet, où qu’il soit dans le monde. Les facultés de médecine mettront des postes à disposition des étudiants pendant deux semaines, en septembre.

Comment expliquez-vous cette recrudescence d’annulations d’examens de première année cette année (à Paris VI, Lille…) ?

Ces épreuves de première année sont très difficiles à organiser du fait du grand nombre d’étudiants, de la pression qu’ils subissent. Malgré tout le soin que l’on apporte aux sujets, cela n’évite pas de rencontrer des problèmes.

Les étudiants dressent un bilan mitigé de la première année commune aux études de santé (PACES) mise en place l’an dernier. Et vous ?

Avec cette PACES, on est au milieu du gué. Certes, elle a mis ensemble 4 professions de santé (médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique) mais c’est davantage une année de sélection que de formation. Nous n’avons pas le temps d’organiser des enseignements dirigés en petits groupes. Nous ne sommes pas allés assez loin. D’autre part, faire rentrer des étudiants en septembre et leur dire qu’ils ne peuvent pas continuer en décembre est incompréhensible. Autant ne pas les faire rentrer. Il y a deux solutions : faire une présélection en prenant 1,5 fois ou 2 fois le numerus clausus d’après les notes de première et de terminale ou laisser mûrir les jeunes bacheliers pendant 2 ans en leur laissant faire des choix (physique, mathématiques, histoire…) et leur donner accès via un numerus clausus à une faculté de médecine qui ne durerait que 4 ans.

Vous voulez sortir les deux premières années des facultés de médecine ?

Non, l’idée serait plutôt de mettre ces deux premières années avant le numerus clausus. Les doyens vont souhaiter qu’elles restent dans les facultés de médecine car ils ont les enseignants mais ces deux années seraient beaucoup plus incorporées à l’université à d’autres licences. Ces étudiants seraient plus à même de choisir médecine après ces deux ans.

La CNIPI propose de créer un internat professionnalisant. A-t-il une chance de voir le jour ?

On n’est jamais allés aussi loin. Nous aimerions remettre notre réflexion en septembre au ministre de la Santé. Il y a une énorme attente de toutes les disciplines. Nous disposons de tous les référentiels métiers, nous allons donc pouvoir avancer assez vite sur les modifications de durée des diplômes d’études spécialisées (DES). Certains DES de chirurgie vont être raccourcis d’un an quand d’autres de spécialités médicales seront allongés d’un an. La réforme tient dans une équation : on ne parle plus d’internat mais de titre spécialisé, d’un diplôme qui donne accès à un métier. Ce diplôme comprend une période d’internat – l’interne passe sa thèse d’exercice, symbolique – et pendant un ou deux ans, il est mis en responsabilité. L’interne a les responsabilités du futur professionnel mais à l’intérieur de la structure de formation. Quand l’étudiant a terminé son cursus après son DES et son mémoire, il a acquis toutes les compétences de consultation et de la grande garde en premier. À l’issue du DES, le médecin pourra s’installer en libéral, devenir PH ou s’engager dans un des 3 600 postes de chef de clinique.

À la rentrée, des établissements hors CHU pourront accueillir des internes en stage. Vous attendez-vous à ce que les candidats soient nombreux ?

Non. Tous les doyens sont pour l’application de la loi. Elle stipule qu’une fois toutes les possibilités de formation du secteur hospitalier public épuisées, on peut se tourner vers le secteur privé. On agrée une équipe et pas une clinique. En outre, les généralistes ont montré que l’on pouvait sortir la formation du public. Les doyens souhaitent que l’on puisse ouvrir des stages chez des spécialistes installés en ville comme des pédiatres par exemple.

 PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 8996